Julien Clerc, Dominique A, Vincent Delerm... Les hommes chantent Barbara au Printemps de Bourges
Cette année le festival met à l'honneur la chanteuse Barbara à l'occasion des 20 ans de sa disparition. La création "Mes hommes" a été confiée au pianiste classique Alexandre Tharaud avec des voix d'hommes uniquement.
C’est l’un des événements de la semaine au Printemps de Bourges. Barbara est à l'honneur, jeudi 20 avril. Chaque année, un spectacle est créé spécialement pour le festival. Cette fois, il sera donc dédié à la chanteuse disparue en juin 1997. Le compositeur Alexandre Tharaud a réuni un casting uniquement masculin pour interpréter son répertoire : Dominique A, Vincent Delerm, Julien Clerc, Olivier Marguerit et Albin de la Simone sont Mes Hommes au service de chansons immortelles.
De Barbara, on connaît l’âme, le poids, la révérence extrême à l’égard de chansons qui impriment une marque indélébile. On connaît aussi le manque. Ce manque ravivé par la foule de commémorations accompagnant, depuis l’hiver dernier, l’anniversaire des 20 ans de sa disparition. Cette voix, cette présence sombre et lumineuse dans le même corps, c’est à même de vous donner quelques complexes. "Les gens qui aiment Barbara ont un rapport très, très fort à Barbara. C'est très passionnel Barbara, ce n'est pas de l'eau tiède", explique le neuveu de l'artiste, Bernard Serf.
Associé au pianiste et compositeur Alexandre Tharaud pour coudre cette création spéciale, Albin de la Simone reconnaît qu'il a fallu "une grande introspection" pour pouvoir interpréter Barbara : "Quand on reprend des chansons dont on n'est pas forcément en accord avec la version originale, comme Ma Gueule de Johnny Hallyday, pour moi, c'est assez facile, raconte-t-il. Là, on est tous complètement accrochés aux versions de Barbara."
Barbara fait vraiment partie des gens en chanson qui m'ont donné envie de faire cela, qui m'ont donné l'impression que c'était facile d'arriver sur une scène, de se mettre au piano, d'avoir une sorte de charme immédiat.
Vincent Delermà franceinfo
Sur scène, ces hommes reprennent Barbara à leur façon, dans leur voix, sans peur de brusquer la structure de chansons ciselées, pour toucher. Mais, il y a quelques contraintes comme celle de "mettre de côté totalement nos casquettes d'auteurs-compositeurs pour se retrouver face à ses capacités en tant qu'interprête par rapport à un répertoire aussi chargé", indique Dominique A.
Un casting intergénérationnel
Pour Bernard Serf, ce spectacle en hommage à sa tante est une véritable réussite. Il y a surtout cette "très, très bonne idée de faire chanter Barbara par des hommes", selon lui : "Naturellement, quand un interprète chante une chanson existante, on a tendance à comparer. Mais là, il n'y a pas de comparaison et c'est très bien."
Dans la troupe il y a également l’humoriste Vincent Dedienne, qui se qualifie malicieusement d’"intrus". Et puis, après Tim Dup, 22 ans, Pierre Guénard est le plus jeune du casting à 29 ans. "Je l'ai découverte avec les chansons qu'on connaît tous, raconte le chanteur du groupe Radio Elvis, citant L'Aigle noir, Göttingen et Nantes. "C'est avec Alexandre Tharaud que j'ai vraiment approfondi, poursuit-il. Et c'est en la chantant que je l'ai découverte. Je pense que c'est une très bonne manière de découvrir un artiste".
Pour autant, pas question pour Pierre Guénard de se laisser intimider : "Je reste assez distant de tout ça. Sinon, on ne fait rien et on reste ankylosé dans le côté monumental de la chose, assure le jeune chanteur. Je trouve que le poids est du côté du public qui, parfois, peut être un peu lourd avec ça, c'est-à-dire qu'on n'a pas le droit de toucher à Barbara. Ça ne m'intéresse pas trop donc je n'y pense pas trop et je fais ce que je veux."
Il ne faut pas trop y penser parce que sinon on est paralysé.
Dominique Aà franceinfo
Habitué du répertoire de la chanteuse, Dominique A est aujourd’hui vacciné contre le stress. Il se souvient de la première fois qu'il a chanté Barbara : "C'était au Châtelet, un dimanche matin devant 2 000 fans hard-core de Barbara. Il y avait une telle pression ! J'avais pris une cuite la veille et je n'avais quasiment pas dormi. Mais ça m'a servi : ça a fait tomber une espèce de stress. Là, vraiment on a l'impression de passer devant un grand jury."
En conclusion, pour le public toujours éperdument amoureux de Barbara, "il faut qu'il oublie Barbara. C'est un exercice de style aussi pour le public", prévient Dominique A. Reprendre avec une émotion qu’on ne subit pas, c’est l’ambition et le défi de ces hommes, embarqués dans une aventure d’un soir autour de Barbara.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.