L’autodestruction de la toile de Banksy, "un épiphénomène" selon des galeristes et collectionneurs de la Fiac
La grand-messe de l’art contemporain se tient jusqu’au dimanche 21 octobre au Grand Palais, à Paris. Elle accueille cette année 195 galeries de 27 pays. Deux semaines après l’autodestruction d’une peinture de Banksy lors d’une vente aux enchères à Londres, le geste est encore commenté dans les allées.
À la Fiac, le coup d’éclat de Banksy qui a organisé l’autodestruction partielle de son tableau Girl with balloon lors d’une vente publique à Londres le 5 octobre est diversement apprécié par les professionnels. "C’est un épiphénomène. A mon avis, c’est presque du domaine de la caricature." "J’adore ce geste. Je suis aussi artiste. Je trouve que c’est un geste fantastique ! Il a totalement raison de se jouer du marché de l’art. Si ça marche ! Même si cet artiste ne m’intéresse pas beaucoup, il a raison. En plus les collectionneurs jouent le jeu, ils sont prêts à remettre pratiquement le double sur cette même œuvre. Là c’est vraiment la société du spectacle."
Si les galeristes sont partagés, les collectionneurs sont eux beaucoup plus sévères : "Totalement ridicule. C’est très dommage parce que je trouve que ça fout en l’air l’art contemporain, ce genre de choses. C’est le scandale pour le scandale. Qui l’a acheté derrière ? Est-ce que ce n’est pas le galeriste ?" ;
C’est très négatif parce que ça va exactement dans le sens de ce que pensent les gens en général : l’art contemporain est une supercherie et c’est détenu par des gens qui ont beaucoup d’argent.
Un collectionneur d'artà franceinfo
Et d'ajouter : "Mais ceux qui aiment l’art contemporain savent qu’il faut laisser cela à sa place, c’est-à-dire des épiphénomènes qui amusent plutôt qu’autre chose."
Un "scandale" à "usage médiatique"
Au-delà de ses répercussions éventuelles sur le marché, les professionnels soulignent que le geste de Banksy n’a rien de révolutionnaire. Le galeriste Patrice Cotensin rappelle qu'au XXe siècle, "il y a des artistes qui ont cherché délibérément la provocation, la rupture, et Banksy n’est pas le premier à avoir utilisé l’idée de destruction. La grande machine que Jean Tinguely avait monté au début des années 1960 au MoMA était un de ces grands mécanismes qui avait pour fonction à la fin de s’autodétruire. Mais là, il s’autodétruisait totalement. Il ne restait plus rien à la fin."
Il n’est pas nouveau d’avoir des attitudes provocantes. Dali l’a fait, de nombreux artistes l’ont fait, Jeff Koons l’a fait d’ailleurs aussi dans les années 1990 quand il montrait la Cicciolina nue avec lui .
Georges-Philippe Vallois, galeristeà franceinfo
"Aujourd’hui, c’est un nouveau type de scandale qui est, à mon avis, essentiellement à usage médiatique et qui de ce point de vue-là, atteint son objectif", juge un autre expert, Georges-Philippe Vallois.
Ce coup médiatique aura-t-il une incidence sur la cote de l’artiste ? Réponse mercredi prochain lors de la vente à Paris chez Artcurial de trois sérigraphies et d’un objet de Banksy.
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