: Vidéo Plusieurs États africains ordonnent à la France la restitution de leurs œuvres d'art
Environ 90 % du patrimoine d'Afrique serait aujourd'hui hors du continent.
Le musée du quai Branly bientôt dépouillé de ses œuvres ? Depuis qu'Emmanuel Macron a annoncé, le 23 novembre, vouloir restituer "sans tarder" 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin, la boîte de Pandore est ouverte : plusieurs pays d'Afrique emboîtent le pas et ordonnent à l'État français la restitution de leur patrimoine culturel. Environ 90 000 œuvres d'art seraient, en effet, répertoriées dans les musées français dont 70 000 au musée du quai Branly, spécialisé dans les arts premiers. Des œuvres acquises entre 1885 et 1960 - en pleine période coloniale - souvent au prix de vols lors d'expéditions militaires. C'est notamment le cas de la statue de "l'Homme-requin", pillée dans un palais royal du Dahomey, l'actuel Bénin, en 1892, aujourd'hui réclamée par son pays d'origine.
Des collections inaliénables
C'est la première fois qu'une ancienne colonie fait officiellement cette demande à la France. Elle fait suite aux déclarations d'Emmanuel Macron qui, en novembre 2017, avait annoncé vouloir que "d'ici 5 ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique." Depuis, d'autres pays comme la Côte d'Ivoire ou le Sénégal ont également réclamé la restitution de leurs œuvres. Malgré la volonté politique affichée de l'exécutif, la loi française empêche pour l'instant la restitution de ces œuvres d'art. "Les collections muséales françaises qui appartiennent au domaine public sont inaliénables, elles sont insaisissables, imprescriptibles", explique l’avocat Yves-Bernard Debie.
Vers une politique d'échange ?
Pour contourner ces obstacles juridiques, un rapport remis à Emmanuel Macron le 23 novembre propose d'amender le code du patrimoine pour permettre le retour de ces dizaines de milliers d'œuvres d’art dans leur pays d'origine. Un rapport vivement critiqué par Stéphane Martin, le patron du musée du quai Branly qui a notamment déclaré que "l’idée que toute la peinture italienne devrait rentrer en Italie et que toute la peinture bretonne devrait rentrer en Bretagne, je ne trouve pas que ça fasse un monde meilleur", plaidant au contraire pour une "communauté mondiale de l'art, du musée, du partage." Emmanuel Macron a ainsi proposé de réunir en 2019 l'ensemble des partenaires africains et européens pour évoquer une politique d'échanges d'œuvres d'art.
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