Affaires Fourniret : il faut instaurer "une mémoire criminelle des affaires" pour améliorer le traitement judiciaire des cold cases, estime un procureur
Jacques Dallest, procureur général près la cour d’appel de Grenoble, membre d'un groupe de travail sur les affaires non élucidées, plaide notamment pour "la spécialisation de magistrats" ou encore la mise en place de "fichiers de données".
Alors que des traces d'une dizaine d'ADN différents ont été découverts sur un matelas saisi dans l'ancienne maison de la sœur du tueur en série Michel Fourniret, Jacques Dallest, procureur général près la cour d’appel de Grenoble estime, sur franceinfo mercredi 23 septembre qu'il faut arriver "à garder, à instaurer une mémoire criminelle des affaires", pour les "garder vivantes" pour améliorer le traitement des cold cases (les affaires non élucidées).
Les enquêteurs vont s'employer à découvrir l'identité des personnes qui se cachent derrière ces dizaines d'ADN trouvées sur le matelas saisi en 2003. D'anciennes affaires non élucidées pourraient ainsi être relancées. "Tout le problème c'est d'avoir un matériau initial pour en extraire un ADN", a expliqué Jacques Dallest, pointant du doigt "la difficulté" sur ce travail d'investigation, de la découverte d'une trace ADN à son identification. "Tout ce travail complexe c'est de remonter dans le temps et d'essayer de voir si on peut travailler, exploiter des dossiers anciens. Je pense que l'on doit ça aux familles des victimes. C'est un travail qui doit réunir toutes les énergies", défend le procureur.
Des magistrats spécialisés en cold cases
Membre d'un groupe de travail pour "améliorer le traitement judiciaire des cold cases", avec le ministère de la Justice, Jacques Dallest estime "qu'il y a des choses qui peuvent être mises en place" notamment "arriver à garder, à instaurer une mémoire criminelle des affaires" pour les "garder vivantes". Parmi les pistes envisagées, le procureur détaille notamment "la spécialisation de magistrats" ou encore la mise en place de "fichiers de données".
"Plus une affaire dure, plus elle peut engendrer des dysfonctionnements", a expliqué le procureur général près la cour d’appel de Grenoble, après que l'avocat d'Eric Mouzin ait évoqué sur franceinfo "un problème sur les scellés" dans l'affaire Michel Fourniret. "On peut exploiter l'ADN quelques fois bien longtemps après, grâce à l'évolution de la science", a détaillé le spécialiste. C'est "malheureusement" parfois le temps long qui permet de faire de nouvelles découvertes.
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