Journée "justice morte" : "On nous donne un petit peu, pour nous retirer beaucoup", proteste une avocate de Nancy
À Nancy, comme dans de nombreuses villes, des avocats manifestent leur inquiétude face au projet de loi de programmation pour la justice, présenté mercredi au Conseil d'État.
Le Conseil national des barreaux (CNB) appelle les avocats, mercredi 21 mars, à manifester leur opposition au projet de loi de programmation pour la justice, présenté aujourd'hui au Conseil d'État. À Nancy, des avocats témoignent de leur inquiétude sur France Bleu Sud Lorraine.
La crainte d'un domaine d'intervention rétréci
Deux avocates du barreau de Nancy redoutent que leur profession pâtisse du texte en préparation au ministère de la Justice. "Au fur et à mesure des réformes, on nous grappille beaucoup de matières, beaucoup de contentieux et au final, on a l’impression qu’on nous donne un petit peu, pour nous retirer beaucoup", dit l'une. Sa consœur craint une disparition progressive du métier.
J’ai l’impression qu’on essaye de nous enlever énormément de compétences pour essayer de faire disparaître la profession petit à petit.
Une avocate de Nancyà franceinfo
C’est surtout le justiciable qui payera les pots cassés, estime Laurent Cyferman, président de la section de Nancy du Syndicat des avocats de France (SAF), rappelant que déjà, les gens "attendent des décisions pendant des lustres". L'avocat précise que "des affaires, là depuis dix ans, ne sont toujours pas bouclées, quand cela ne fait pas trente ans, comme l’affaire Grégory". Me Cyferman ajoute que le nombre de magistrats est loin d'être pléthorique.
Aujourd’hui, vous avez un nombre de magistrats inférieur à celui qui existait en 1950. On ne peut pas accepter ça, ce n’est pas possible.
Laurent Cyferman, à la tête de la sanction nancéenne du Syndicat des avocats de Franceà franceinfo
Le gouvernement veut aller vite pour mettre son projet sur les rails, ce qui fait dire à Me Guillemard, ancien bâtonnier du barreau de Nancy, qu’il n’y a quasiment pas eu de concertation. "Les avocats ne sont pas forcément hostiles à des projets de réforme, dit l'avocat, mais ils voudraient y être associés, parce que leurs retours d’expérience me semblent de nature à enrichir un projet de réforme de la justice pénale et civile."
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