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"On se sent seul parce qu'on a la trouille" : le Défenseur des droits interpelle sur l'isolement des lanceurs d'alerte

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dévoile mardi son rapport annuel d'activité pour 2018. Il recommande une meilleure lisibilité de la législation sur les lanceurs d'alertes pour qu'ils soient mieux informés et orientés, pour rompre avec leur isolement.

Article rédigé par Benjamin Illy, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Irène Frachon lors du procès du Mediator, en mai 2013. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

En finir avec l'isolement des lanceurs d'alertes. C'est l'un des points soulevés par le rapport annuel d'activité 2018 dévoilé par le Défenseur des droits mardi 12 mars. En deux ans, 155 dossiers ont été enregistrés. Jacques Toubon préconise une plus grande lisibilité de la législation, pour que ces lanceurs d'alerte soient mieux informés, mieux orientés et surtout, moins isolés, ce que confirment les principaux concernés.

"On se sent seuls parce qu'on a la trouille" affirme Irène Frachon. C'est elle qui avait révélé le scandale sanitaire du Mediator en 2007. "Avec mon éditeur, j'ai subi les foudres du laboratoire Servier qui était mis en cause dans mon livre. L'ouvrage a été censuré par la justice. Ça a été un moment de grande solitude. On a failli perdre."

Une loi encore trop méconnue

Depuis janvier 2016, la loi Sapin est censée protéger les lanceurs d'alerte. Encore faut-il la connaître. "Je n'avais pas du tout conscience de pouvoir être une lanceuse d'alerte" explique Emmanuelle Amar, la directrice générale du registre des malformations en Rhône-Alpes. C'est elle qui a rendu publique l’affaire des naissances groupées de bébés sans bras dans l'Ain. 

À partir du moment où j'ai donné l'alerte, j'ai eu l'impression de rentrer dans le tambour d'une machine à laver.

Emmanuelle Amar

à franceinfo

"Les premiers ennuis sont arrivés avec la première médiatisation en 2016. Des gens, au nom de l'Inserm, se sont attaqués à nos compétences. Il y a eu des suppressions de financements. On se sent très isolé. J'ai lancé l'alerte mais en vain."

Suite à la médiatisation, Emmanuelle Amar et son équipe ont bénéficié de nouveaux financement, de quoi tenir pour l'année 2019. Mais il reste le sentiment d'isolement au coeur de la tourmente. Pour le combattre, un collectif d'associations et de syndicats a créé à l'automne 2018 "la maison des lanceurs d'alerte", pour leur apporter une aide juridique, psychologique et financière.
 

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