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Procès des attentats de janvier 2015 : en cinq ans, "les mentalités ont empiré", estime l'analyste et députée du parlement de Genève Joëlle Fiss

La spécialiste des droits de l'homme estime qu'il y a toujours autant de violences commises dans le monde au nom des allégations "de soi-disant blasphèmes".

Article rédigé par franceinfo
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Une fresque en hommage aux membres de la rédaction assassinés en janvier 2015, rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris, où se trouvait le siège de "Charlie Hebdo". (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Depuis les attentats de 2015, "les mentalités ont empiré", a estimé mercredi 2 septembre sur franceinfo Joëlle Fiss, analyste des droits de l’Homme auprès d'organisations internationales et députée au parlement de Genève, au premier jour du procès de ces attaques qui ont notamment visé les locaux du journal satirique Charlie Hebdo. "La liberté d'expression est toujours aussi menacée si ce n'est plus", affirme-t-elle.

La disparition d'un "élan de solidarité mondiale"

Pour Joëlle Fis, "la vraie question est, qu'est ce qui a changé depuis 2015 ?". La députée suissesse ne pense pas possible qu'ait lieu en 2020, par exemple, une grande marche républicaine comme celle du 11 janvier 2015 "où il y avait 44 dirigeants mondiaux qui se tenaient quasiment main dans la main avec plus d'un million et demi de Français dans la rue. Ce n'est pas possible, aujourd'hui". Joëlle Fis évoque le contexte du coronavirus mais aussi et surtout un état d'esprit. Alors qu'en 2015 il y a eu "cet élan de solidarité mondiale envers la France" après "cet attentat qui a vraiment choqué les gens parce que c'était un attentat contre la liberté", elle ne voit plus aujourd'hui "autant de solidarité".

La liberté d'expression est toujours aussi menacée, si ce n'est plus.

Joëlle Fiss, députée au parlement de Genève

à franceinfo

"On a de plus en plus de nationalismes. On a de moins en moins de solidarité entre les nations", déplore la députée du parlement de Genève. Elle désigne également les journalistes "qui sont intimidés, même dans la salle de la Maison-Blanche", ce qui aurait été selon elle "surréaliste en 2015". L'élue en veut aussi aux réseaux sociaux "qui condamnent des personnalités pour les discréditer, pour sexisme. On essaye toujours d'aseptiser le débat et encore plus aujourd'hui en 2020 qu'en 2015".

"Le réveil" des démocraties libérales

Joëlle Fiss relève une "bonne nouvelle" depuis 2015 : "c'est que Charlie Hebdo a quand même réveillé les démocraties libérales". Selon la spécialiste des droits de l'homme, des pays "ont dit haut et fort que c'était parce que ils avaient vécu très, très mal l'expérience et l'attentat commis contre Charlie Hebdo".

Elle estime cependant qu'à l'échelle mondiale, il y a toujours autant de violences commises au nom des allégations "de soi-disant blasphèmes". Joëlle Fiss évoque l'écrivain et blogueur Raïf Badawi, emprisonné en Arabie saoudite ou encore la Mauritanie, "où un blogueur avait été condamné à mort et qui a dû se repentir pour être libéré"

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