Rapport sur les violences conjugales : la Fédération nationale solidarité femmes appelle à "renforcer l'ensemble des dispositifs spécialisés"
D'après un rapport publié lundi, 173 personnes dont 146 femmes ont été tuées au sein de leur couple en 2019. Pour Françoise Brié, présidente de la Fédération nationale solidarité femmes, "il faut que la chaîne de professionnels qui peut atteindre ces femmes soit vraiment de plus en plus spécialisée".
"Il faut absolument renforcer l'ensemble des dispositifs spécialisés", a déclaré sur franceinfo ce lundi Françoise Brié, présidente de la Fédération nationale solidarité femmes, l’association en charge de la ligne d’écoute 39 19 destinée aux femmes victimes de violences. Elle réagissait à la publication d'un rapport révèlant que 173 personnes, dont 146 femmes, ont été tuées au sein de leur couple en 2019. Selon elle, "il faut attendre les prochains mois" avant de "voir ce que vont donner les mesures du Grenelle" contre les violences conjugales, qui s'est tenu de septembre à octobre 2019.
franceinfo : Que vous inspire ce rapport sur les violences conjugales ?
Françoise Brié : Ce rapport est toujours aussi dramatique. On a un nombre vraiment très important de victimes et en particulier des femmes. On attend de voir ce que vont donner les mesures du Grenelle. Mais ça veut dire aussi qu'il faut absolument renforcer l'ensemble des dispositifs spécialisés, que ce soit au niveau des brigades de police, de gendarmerie, au niveau des pôles spécialisés dans les juridictions et des centres d'hébergement spécialisés. Il faut que la chaîne de professionnels qui peut atteindre ces femmes soit vraiment de plus en plus spécialisée, de plus en plus efficace.
Le rapport fait état d'une hausse de 16% des morts au sein du couple. Quelles mesures faudrait-il prendre pour inverser la tendance ?
On va voir le résultat du Grenelle et les mesures qui ont été prises. A savoir l'évaluation du danger, les demandes aussi d'augmenter les mesures de protection avec l'ordonnance de protection, la question du bracelet anti-rapprochement. Il faut attendre les prochains mois, voir ce que vont donner ces mesures, mais aussi renforcer tous les moyens qui vont pouvoir permettre aux femmes, dès qu'elles le souhaitent, dès qu'elles souhaitent parler, dès qu'elles souhaitent une mesure de protection, de pouvoir avoir la réponse adaptée.
Les femmes nous demandent très souvent d'abord d'être écoutées, entendues, de pouvoir aussi leur donner des conseils dans leurs démarches pour qu'elles puissent se sécuriser au moment de la séparation.
Françoise Briéà franceinfo
Elles demandent aussi un accompagnement psychosocial, juridique, pour pouvoir être accompagnées vers le dépôt de plainte, pouvoir être accompagnées au tribunal, pouvoir aussi obtenir un logement, un hébergement. Je pense que la question aussi de l'hébergement spécialisé est importante.
Le rapport indique que le plus souvent, les homicides ont lieu après une séparation ou une dispute. Faites-vous le même constat sur le terrain ?
Ce que l'on sait, c'est que la séparation est une période à risque. D'où l'importance aussi de préparer cette séparation pour les femmes. Au moment du départ, il faut vraiment qu'elles puissent s'adresser aux professionnels pour justement éviter ces passages à l'acte. On sait aussi que les facteurs aggravants sont la dépendance.En tout les cas l'utilisation de l'alcool ou de produits stupéfiants vont favoriser les passages à l'acte les plus graves, même si ce n'est pas la raison des violences.
Je voudrais aussi souligner la situation des enfants, parce qu'il y a 25 enfants qui ont été tués en 2019, plus que l'année précédente. Donc, il faut aussi qu'on soit très vigilant au moment de la séparation, pour permettre de protéger, de sécuriser, les femmes et les enfants en même temps.
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