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"Être médecin, ça se mérite" : à Lyon, les étudiants en médecine se sont habitués à endurer le numerus clausus

Dans la faculté de médecine de Lyon Est, l'abandon du numerus clausus n'est pas vécu comme un soulagement. Les futurs étudiants, tout comme ceux qui ont passé l'obstacle, se sont faits à l'idée du redoublement en première année.

Article rédigé par Faustine Mauerhan
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des étudiants en médecine, lors d'une rentrée universitaire, en septembre 2008. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Le gouvernement va supprimer le numerus clausus et le concours de fin de première année dans les facultés de médecine, comme le révèle franceinfo mercredi 5 septembre. Une épreuve sur laquelle de très nombreux étudiants se cassent le nez chaque année. "On se prépare à le faire en deux ans", explique Paul, bachelier de 19 ans, qui intègre lors de cette rentrée la faculté de médecine de Lyon Est.

Il ne faut pas être trop focalisé à le faire en une seule année, parce que sinon on risque d'être trop déçu.

Paul
étudiant en médecine

à franceinfo

Dans cette filière, le redoublement est quasi inévitable. À Lyon Est, seulement 400 élèves passeront en deuxième année en juin 2019, sur les 2 300 inscrits en première année. Parmi eux, 600 sont des redoublants et bénéficient de l'avance sur les bacheliers. Parmi eux, Paul, qui s'est payé une prépa privée cet été. Même s'il a mis toutes les chances de son côté pour réussir le concours du premier coup, il a déjà réfléchi à un plan B : "Le faire en Angleterre." Le mode de sélection y est différent. Il se fait "à l'entrée. Ils regardent le dossier, ils prennent les élèves d'abord et puis après on est presque assuré d'être médecin", rapporte Paul.

Cette combine est bien connue des étudiants, mais bizarrement, tous semblent être attachés à ce concours. Malgré ses 19 ans et son bac fraîchement en poche, Yanis estime que "c'est quelque chose que l'on doit passer". Pour lui, "ce n'est pas une si mauvaise idée, car être médecin, c'est quand même confier la vie d'une personne à une autre personne. Ça se mérite."

Un rite de passage

Le concours serait donc un peu comme un rite de passage pour ces étudiants et également une manière de faire le tri, par la motivation et la persévérance. Marianne, étudiante en 3e année, a "fait carré" : "Cela veut dire que l'on a redoublé". Ses deux premières années ont "vraiment été horribles". Elle se souvient que sa "famille ne comprenait pas forcement qu'[elle] devait vraiment [s]'isoler pour travailler". Elle s'est infligée des rythmes de travail draconiens : "Des 8 heures - 20 heures, je ne mangeais pas, je faisais juste une pause pipi et pour remplir ma bouteille, après je remontais."

Maintenant qu'elle a eu ce concours, Marianne ne voit pas bien ce que cela changerait de le remplacer par des partiels à l'année. "Il faudrait avoir 15, c'est déjà ce que l'on nous demande pour être dans les meilleurs au concours. Donc, en soi, ce serait un autre nom pour dire concours", estime-t-elle.

Pour ce qui est de l'augmentation du nombre de place, d'autres problèmes se posent. À Lyon, "ils ont augmenté le numerus de 70 places pour notre année quand on est passé. Pour les stages, cela a été hyper compliqué, donc s'il y a 1 500 personnes qui viennent en médecine ce n'est pas possible", prévient Marianne. Quant à la question des déserts médicaux, là aussi, les avis sont unanimes : ça ne réglera rien. Les futurs médecins se préparent simplement à être encore plus nombreux à se faire concurrence.

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