Pénurie de personnel dans les crèches : "Il faut ouvrir massivement de nouvelles places de formations", réclame la fédération du secteur
Sur franceinfo, la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches, Elsa Hervy, estime que l'objectif de 200 000 nouvelles places de crèche d'ici 2027 ne pourra pas être tenu dans ces conditions.
"Il faut ouvrir massivement de nouvelles places de formation" pour les professionnels de la petite enfance et des crèches, insiste ce dimanche sur franceinfo la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches, Elsa Hervy. Avec la pénurie actuelle et les nombreux départs à la retraite d'ici cinq ans, "on n'arrivera pas à tenir l'objectif" du gouvernement qui est d'ouvrir 200 000 nouvelles places de crèche.
franceinfo : Comprenez-vous l'inquiétude des professionnels de la petite enfance ?
Elsa Hervy : Ils ont raison d'être inquiets ! Il manque aujourd'hui 10 000 professionnels pour faire tourner les 471 000 places de crèches. Avec les départs à la retraite d'ici 2027, il manquera encore 20 000 places supplémentaires. Le président de la République et la Première ministre ont prévu de construire 200 000 nouvelles places mais si on ne forme pas 100 000 nouveaux professionnels d'ici 2027, on n'arrivera pas à tenir cet objectif ambitieux pour les familles.
Approuvez-vous l'assouplissement des recrutements ?
C'est une dérogation aux conditions de diplôme ou d'expérience qui existe depuis 22 ans dans les 102 services départementaux de protection maternelle et infantile. En fait, l'arrêté de cet été restreint cette dérogation en posant des critères nationaux à ces dérogations qui existait différemment dans les départements. Il pose des limites en n'autorisant pas plus d'une personne non diplômée par crèche, avec une obligation d'accompagnement pendant 120 heures après sa prise de poste et une obligation de le former dans l'année pour qu'il obtienne un diplôme. En revanche, cet arrêté ne règle rien aux problèmes de la pénurie de professionnels. Pour cela, il faut ouvrir massivement de nouvelles places de formations.
Les crèches auront-elles suffisamment de personnel pour former ?
Il y aura un tuteur sur la base du volontariat et le directeur ou la directrice de la crèche assurera également ce travail d'accompagnement. C'est forcément du temps à investir mais ce ne sera pas du temps passé à chercher la perle rare de ces diplômés qui n'existent pas. De toute façon, la meilleur solution pour lutter contre la pénurie, c'est d'ouvrir massivement de nouvelles places de formations, de valoriser les professionnels de la petite enfance et de la crèche. Il faut comprendre qu'on ne joue pas avec les enfants mais qu'on éveille les adultes de demain. Il faut aussi augmenter les salaires. Depuis 2018, la subvention publique qui porte les crèches a augmenté de 6,65% quand le SMIC a augmenté de 13,36%.
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