Pascaline Lepeltier, première femme à décrocher le titre de Meilleur ouvrier de France en sommellerie
L'oenologie, c'est "beaucoup d'écoute, d'humilité, de curiosité et beaucoup de psychologie" explique Pascaline Lepeltier, invitée de franceinfo.
Pascaline Lepeltier a été désignée personnalité de l’année 2019 par la Revue des vins de France. La sommelière originaire d'Anjou, installée à New York depuis neuf ans, est la lauréate 2018 du concours de Meilleur ouvrier de France en sommellerie, première femme à décrocher ce prix. Elle a obtenu également le titre de Meilleure sommelière de France en 2018.
Un métier "de transmission, de confiance", a-t-elle expliqué sur franceinfo jeudi 10 janvier. "C'est beaucoup d'écoute, beaucoup d'humilité. C'est beaucoup de mémoire, de curiosité, et beaucoup de psychologie", raconte la sommelière qui a découvert le vin grâce à un professeur de philosophie. "Le vin transcende" et permet de "connecter toutes les disciplines au monde", souligne Pascaline Lepeltier. "Ce que j'avais dans la philosophie, je pouvais aussi l'avoir dans le verre, enraciné dans la terre avec l'humain au quotidien".
franceinfo : À quel moment êtes-vous tombée dans l'œnologie ?
Pascaline Lepeltier : Je suis tombée dedans assez tard. J'ai grandi dans une région viticole magnifique du côté d'Angers. Mais le vin est devenu la passion de ma vie à 25 ans, avec un prof de philo qui aimait le vin, et un vin qui a changé ma vie un jour où j'ai compris que le vin pouvait tout transcender. Ce que j'avais dans la philosophie, je pouvais aussi l'avoir dans le verre, enraciné dans la terre avec l'humain au quotidien. Le vin transcende. Le vin est quelque chose où vous pouvez connecter toutes les disciplines au monde, la biologie, la chimie, l'esthétique, la spiritualité, la morale. Non seulement je pouvais les avoir de manière intellectuelle, mais aussi en ouvrant une bouteille, en la partageant.
La sommellerie est un art très particulier. Quel talent faut-il avoir ?
Je ne crois pas qu'il faut être talentueux en termes de nez et de palais. On l'est tous. On l'a juste oublié. C'est un entrainement particulier. C'est juste qu'on n'est plus adapté aujourd'hui à vraiment écouter nos sensations gustatives et olfactives. Je ne suis pas super testeur, parce qu'autrement je ne pourrais pas être dans le vin. Ce serait trop intense pour le supporter. Tout le monde peut l'être. Après, c'est beaucoup de mémoire, de curiosité, et beaucoup de psychologie. Au final, beaucoup de notre métier passe par notre langage et par comprendre ce que nos clients veulent apprécier.
C'est un métier de transmission, de confiance. J'ai la chance de transmettre, à une personne qui va boire la bouteille que je choisi, le travail d'un homme ou d'une femme de la vigne qui a choisi un corps de métier très compliqué, où le rythme de la saison rythme encore le quotidien. Je transmets leur travail. Je leur fais confiance et ils me font confiance pour le donner à mes clients et mes clients me font confiance pour les écouter. On transmet tout cela. C'est beaucoup d'écoute et beaucoup d'humilité.
Vous travaillez à New York depuis 9 ans. Est-ce que c'est plus facile en étant française ?
L'accent français est un atout commercial indéniable. Je crois que je n'ai pas perdu mon accent à cause de cela. La France, à New York, est révérée. Il y a une passion de la France, un amour de la culture française, un respect des traditions gastronomiques et viticoles indéniables. Il y a tellement de francophiles à New York que c'est un plaisir pour moi de leur servir du vin. Il y a une curiosité cosmopolite dans cette ville qui fait que même les gens qui ne connaissent pas forcément la France sont ouverts d'esprit et ont envie de la découvrir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.