Pacte de responsabilité : les mesures du gouvernement vont-elles détruire 60 000 emplois?
C'est ce qu'estime une députée socialiste, rapporteure du Budget. Selon elle, les 50 milliards d'économies ont davantage de suppressions de postes que de créations.
Ce devait être, selon Michel Sapin, "l'année de la bascule vers plus de croissance et plus d'emplois". Mais ce pourrait être l'inverse. Le rapport de la députée socialiste et rapporteure du Budget Valérie Rabault fait état de 250 000 emplois qui seraient menacés d'ici à 2017, contre 190 000 créations de postes.
Accusés d'étrangler la demande, les 50 milliards d'économies du programme de stabilité sont-ils contre-productifs ? Eléments de réponse.
Oui, les économies budgétaires détruisent beaucoup d'emplois
Le ministre des Finances, Michel Sapin n'a eu de cesse de le répéter : le pacte de responsabilité permettrait la création de plusieurs milliers d'emplois. Se basant sur les chiffres du Trésor et de l'Insee, la rapporteure du Budget explique qu'il permettra en effet de "rehausser l’activité de 0,6 point à horizon 2017 et de créer 190 000 emplois".
Mais les prévisions établies par le ministère des Finances et des comptes publics ne seraient pas aussi positives que le souhaiterait Michel Sapin. En effet, les 50 milliards d'économies prévues par le programme de stabilité auraient, pour leur part, "un impact négatif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017, et pourraient entraîner la suppression de 250 000 emplois à l'horizon 2017", peut-on lire dans le rapport sur le projet de loi de finances rectificatives 2014.
Pacte de responsabilité et réduction des dépenses : un effet global récessif sur le PIB et l’emploi http://t.co/V1HQo1JsW5 via @sharethis
— Pierre Alain Muet (@pierrealainmuet) June 22, 2014
Pour le député socialiste Pierre-Alain Muet, l'effet récessif sur l'emploi et le PIB l'emporterait sur le retour de la croissance. Sur son blog, ce dernier estime que le bilan des mesures d'économies et du pacte de responsabilité se traduira par la baisse annuelle d'environ "un demi-point de croissance" et provoquera "une perte de 60 000 emplois en 2017".
Non, les économies ne sont pas directement liées au pacte
Mais peut-on mettre sur le même plan les 190 000 postes créés et les suppressions de postes induites d'ici à 2017 ? Le parallèle a ses limites puisque, comme l'explique l'économiste Eric Heyer, les 50 milliards d'économies ne sont pas liées aux allègements sur la fiscalité des entreprises.
Si les économies budgétaires financent une partie des réductions fiscales aux entreprises, il ne faut pas pour autant confondre le programme de stabilité et ses 50 milliards d'économies avec le pacte de responsabilité. Ce dernier prévoit en effet un allègement de la fiscalité sur les entreprises, censé doper la croissance. Comme le nuance le rapport, "des simulations complémentaires sont donc nécessaires pour disposer d’un chiffrage global sur l’effet des mesures d’économie et de relance".
Pour Michel Sapin, il s'agit de "calculs en chambre, extrêmement théoriques". Selon le ministre, une telle évaluation ne pourra être réalisée avec précision qu'au moment de la présentation du Budget pour 2015, lorsque les détails du plan d'économies seront fournis.
Non, les économies étaient indispensables
Le gouvernement a-t-il de toute façon vraiment le choix ? Le plan de stabilité est avant mises en places pour répondre aux limites sur le déficit public établies au niveau européen. Nul doute qu'en cas de non-respect des objectifs de baisse du déficit par rapport au PIB, les sanctions européennes pourraient réduire un peu plus la marge de manœuvre budgétaire de la France.
Il s'agit d'éviter une explosion des déficits et de la dette publique qui ferait rentrer la France dans une spirale négative. Comme le résume un des points du rapport de Valérie Rabault, " ces estimations [sur l'emploi] doivent être appréciées au regard de l’importance des risques financiers auxquels s’exposerait notre pays en l’absence de rétablissement des comptes publics."
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