Fin de cycle pour les sèche-linge d'Amiens : l'usine Whirlpool ferme ses portes ce soir
L'usine Whirlpool d'Amiens ferme ses portes jeudi soir, 18 mois après l'annonce du groupe américain. Une dernière journée marquée par la tristesse et l'amertume de certains salariés, dont le combat était devenu emblématique.
C'est le dernier jour pour l'usine Whirlpool d'Amiens qui ferme ses portes jeudi 31 mai au soir. La production de sèche-linge s'arrête, 18 mois après l'annonce de la décision par le fabricant américain. Des camions entrent et sortent de l’usine : ce sont les pièces de chaînes d’assemblage qui partent vers Lodz, en Pologne. L'usine reprise par un entrepreneur local garde 174 salariés sur 278, mais il change de production.
L'outil de travail dans les camions
Après 24 ans d'ancienneté, un salarié voit partir son outil de travail. "On est jetés comme des malpropres, déplore-t-il. Ils nous ont mis des primes pour qu'on travaille jusqu'au bout. Ça prouve bien qu'ils avaient de l'argent à mettre dans le site." Antonio Abrunoza, le délégué CGT du personnel précise que les chaînes de montage Whirlpool sont déjà retirées à 99%.
Jeudi soir, tout ce qui est Whirlpool sera retiré. Il y a pas mal d'équipes à l'intérieur en train de démantibuler les chaînes puisque la Pologne les attend pour mettre en route.
Antonio Abrunoza, délégué CGT chez Whirlpool Amiensà franceinfo
De son côté, Patrice Sinoquet, élu CFDT, l’un des fers de lance de la lutte des Whirlpool, croyait être préparé au bouleversement. "On pensait être prêts, on n'est prêts à rien du tout parce qu'on n'est pas parés au démantèlement des lignes de montage. Je crois que c'est ça le plus dur", confie-t-il, en remontant le fil du temps. C'est plein de souvenirs. J'ai connu ma femme ici. Ça fait 25 ans que j'y travaille, et tout part. Ça fait mal."
Le tournant de la campagne présidentielle
Patrice Sinoquet fait partie de ceux qui ont négocié le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Le délégué CFDT indique la voie d’accès à l’usine, indiquant que c'est là que tout a basculé, pendant l'entre-deux tours, en 2017, de l'élection présidentielle. "Cette rue, on peut la baptiser 'avenue des deux candidats'. Cette fameuse journée où nous avions la présence de Marine Le Pen et ensuite d'Emmanuel Macron. Il y avait un journaliste par salarié", se souvient-il.
C'est le tournant du PSE, le tournant de notre avenir. Peut-être que ça a joué aussi un peu par rapport au repreneur.
Patrice Sinoquet, CFDTà franceinfo
Le repreneur est le groupe WN, fondé par le Picard Nicolas Decayeux, garde 174 salariés sur 278. Ils fabriqueront des casiers intelligents réfrigérés. Entre les départs en retraite et ceux qui ont trouvé du travail, une vingtaine d'employés sont sans solution. Frédéric Chantrelle de la CFDT s'inquiète pour eux, mais pas seulement. "On ne veut pas lâcher nos collègues" prévient le délégué syndical. "On veut savoir ce qui se fait avec le repreneur. Il y a eu des engagements de pris, financièrement, commercialement et industriellement." Difficile après 18 mois de conflit de faire à nouveau confiance à un employeur.
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