Réforme de l'assurance chômage : "J'ai eu des menaces de mort, d'être brûlé vivant...", les agents de Pôle emploi redoutent une augmentation des agressions
Les nouvelles règles sont dévoilées lundi. Elles vont réduire les aides quand la conjoncture économique est bonne et vice-versa. Et les agents redoutent les conséquences à l'accueil des demandeurs d'emploi.
De l'insulte aux coups de poings, en passant par les crachats. Depuis le début de l'année, 11 000 signalements ont été réalisés dans les agences Pôle emploi dont une centaine pour des agressions physiques. Dernier exemple à Lille au début du mois où un jeune a tenté d'agresser un agent avec un couteau.
Ces chiffres sont plutôt stables par rapport à l'année dernière mais sur le terrain, les tensions s'accentuent avec les demandeurs d'emploi, selon cet agent du sud de la France, agressé il y a quelques mois. Il témoigne anonymement : "Pour ma part, ça n’a été que verbal mais ça n'enlève pas le côté atteinte psychologique". Rares sont les agents qui acceptent les interviews enregistrées car ils sont soumis au droit de réserve.
"J'ai eu droit à des menaces de mort, menacé d'être brûlé vivant, que l'agence Pôle emploi soit brûlée. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Dans notre agence, il y a eu d’autres menaces via le feu."
Un agent de Pôle emploi dans le sud de la Franceà franceinfo
Entre 2019 et début 2022, les agressions liées à des radiations ont augmenté de 63% et de 57% concernant l'étude des droits, indiquent les syndicats. Pour Michel Breuvart, membre du bureau national du SNU Pôle Emploi et représentant au sein du CSE central, ce n'est pas un hasard. "Ça correspond exactement à la modification du calcul des allocations chômage, avec le durcissement des conditions d’accès à ces allocations", explique-t-il.
Tolérance zéro
Le durcissement des règles a été mis en place depuis l'année dernière. Le constat est partagé par tous les syndicats excepté la CFDT qui estime que les agents signalent plus facilement depuis l'assassinat d'une salariée à Valence. Mais le syndicat et sa représentante Catherine Laumont restent vigilants sur la mise en place future de la modulation des droits en fonction de la conjoncture économique, votée jeudi dernier par le Parlement. Les nouvelles règles, négociées depuis la mi-octobre avec les partenaires sociaux, sont dévoilées lundi 20 novembre. "Ce qui peut faire redouter, des situations financières difficiles pour les demandeurs d’emploi et donc des réactions peut-être tendues aussi à l'accueil", estime Catherine Laumont.
Pôle emploi a mis en place une politique tolérance zéro. Des plaintes à chaque agression physique, vidéoprotection dans les agences, exercices pour faire face à une intrusion armée... Les syndicats et le personnel souhaitent plutôt des augmentations d'effectifs pour mieux traiter les demandes, et potentiellement faire baisser les tensions.
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