"Découragement", "manque de reconnaissance" mais aussi "entraide" : des fonctionnaires racontent leur quotidien
Les fonctionnaires sont appelés par sept syndicats à se mobiliser le 22 mars contre les réformes du gouvernement. Leur quotidien et leurs inquiétudes sont racontés dans un livre que publie la CFDT.
Les fonctionnaires sont à nouveau appelés à une journée de mobilisation le 22 mars : sept des neufs organisations syndicales ont approuvé cette date à l'issue d'une réunion de l'intersyndicale de la fonction publique mardi 6 février. Les deux syndicats qui n'ont pas approuvé, la CFDT et l'Unsa, doivent d'abord consulter leurs instances.
Le pouvoir d'achat et le plan de départs volontaires envisagé par le gouvernement cristallisent les inquiétudes des fonctionnaires. Dans ce contexte, la CFDT publie en février L'Autre trésor public (éd. L'Atelier). Le livre donne la parole à 30 agents occupant des métiers différents. Ils décrivent leur quotidien au travail et parfois leur malaise.
"On est parfois dans des zones socialement reculées, défavorisées, raconte Chrystelle, une infirmière scolaire qui travaille à 45 minutes de Poitiers (Vienne), "dans le monde rural", précise-t-elle. "Quelques fois, nous sommes la seule possibilité d'accès aux soins pour des familles", assure celle qui se dit fière d'être fonctionnaire et utile à la société mais qui, comme beaucoup d'autres, déplore le manque de reconnaissance de la part de l'État, son employeur.
Chrystelle confie que les conditions pour simplement faire son travail sont de plus en plus difficiles. "Comme tout fonctionnaire qui se respecte, on a la foi, on a l'envie de bien faire et on se donne à fond avec peu de moyens", dit-elle.
Au bout d'un moment, on arrive à ce que l'on nomme 'le burn-out' et au découragement.
Chrystelle, infirmière scolaireà franceinfo
Des collègues qui craquent, Christophe en a connus. Ces dernières années, ce pompier professionnel dans l'Ain a vu la situation se dégrader sur le terrain : "On n'est pas forcément reconnus par nos ministères de tutelle ou même par nos directions, mais en plus, maintenant, on est un peu moins reconnus par la population, confie-t-il, chose qui n'arrivait pas avant. Du coup, on se sent un petit peu perdu au milieu. Je comprends certains de mes collègues qui en ont vraiment ras-le-bol."
On n'est pas payé pour se faire insulter ou caillasser. C'est inadmissible.
Christophe, pompier professionnelà franceinfo
L'entraide, moteur de motivation
À Cherbourg, Julie est aide-soignante en chirurgie à l'hôpital. Elle non plus, ne ressent pas de reconnaissance pour son investissement. La jeune femme salue en revanche l'entente et l'entraide au sein de son service, véritable moteur de sa motivation. "Quand je me lève le matin et que je viens travailler, je viens pour moi, pour mes patients, pour mes collègues, mais certainement pas pour mon patron, assure-t-elle. Quand on a un souci dans le service, on est tous derrière l'autre. On va se soutenir. On va s'entraider. On va être là pour le patient."
On est solidaire et heureusement. C'est ce qui sauve.
Julie, aide-soignanteà franceinfo
L'idée de la CFDT, à travers son livre de témoignages est de marteler que les fonctionnaires, le service public, représentent une richesse plutôt qu'un coût et qu'il faut sortir de la seule logique budgétaire. Le syndicat a d'ailleurs promis d'offrir le livre à Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics, et à son secrétaire d'État, Olivier Dussopt, à l'occasion d'une rencontre prévue la semaine prochaine dans le cadre de la concertation annoncée sur la transformation de la fonction publique.
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