Réforme de la fonction publique : "Le texte gouvernemental pratique une ouverture à la sauvage"
Le président de l'Association des administrateurs territoriaux de France, Fabien Tastet, dénonce la réforme de la fonction publique présentée mercredi en Conseil des ministres.
"Le texte gouvernemental pratique une ouverture à la sauvage", a dénoncé mercredi 27 mars sur franceinfo Fabien Tastet, le président de l'Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), alors que le gouvernement présente son projet de réforme de la fonction publique en Conseil des ministres.
Cette réforme, très critiquée par les syndicats, permet notamment un recours accru aux contractuels. "Ce n'est pas une mauvaise idée en soi, a expliqué Fabien Tastet. La fonction publique, il faut qu'elle s'ouvre, il faut qu'elle fasse appel à des profils différents (...) Mais cela devient une mauvaise idée dès lors qu'on ne l'encadre pas, qu'on ne pose pas des garde-fous et c'est tout le problème du texte gouvernemental", a-t-il pointé.
Un risque de dérive déontologique
"On ouvre aux contractuels mais on ne met aucun garde-fou en termes de déontologie, de rémunérations, d'aptitudes (…), explique le président de l'Association des administrateurs territoriaux de France. Nos concitoyens sont très attentifs aux questions de déontologie, à la prévention des conflits d'intérêts. Donc il faut qu'on puisse faire un contrôle déontologique préalable pour vérifier qu'un candidat venant du privé n'a pas travaillé pour un bureau d'études lié avec je ne sais quel grand groupe, auquel par la suite, quand il sera dans l'administration, il attribuera un marché public. Si on ne fait pas ça, on va insécuriser tout le monde."
Même chose pour les rémunérations, selon Fabien Tastet : "Le gouvernement attend des miracles de cet afflux de contractuels dans la fonction publique. On nous dit : s'il y a plus de contractuels, il y aura plus de souplesse, ça coûtera moins cher. Mais ce n'est pas vrai ! Un contractuel va demander sur un poste de direction 15%, 20%, voire 30% de plus que les fonctionnaires qui occupaient précédemment le poste. Il faut des plafonnements."
Le temps de travail sans lien avec l'efficacité
Le président de l'AATF a par ailleurs souligné que le temps de travail "n'est pas ce qui définit l'efficacité d'une organisation". Mardi 26 mars, un rapport sur le temps de travail des fonctionnaires, révélé par Le Figaro, montrait que 310 000 fonctionnaires sur les 1,1 million d'agents publics d'État ne travaillaient pas 35 heures (hors professeurs, magistrats, militaires et gendarmes).
Commentant ce rapport, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a estimé qu'il était "intéressant" et qu'il allait "nourrir le débat parlementaire". "La méthode est mauvaise", a réagi Fabien Tastet. "Je ne suis pas sûr que ça aide le gouvernement dans ses relations avec les organisations syndicales." Des rassemblements sont d'ailleurs prévus mercredi partout en France pour dénoncer la réforme.
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