Énergie : pour "décarboner les transports", une compagnie de taxis mise sur le développement de stations à hydrogène
Convaincue que l'hydrogène est une solution d'avenir pour décarboner le transport, la société de taxis Hype a décidé de développer une vingtaine de stations supplémentaires en France et en Europe.
Nabil a une voiture bleu ciel, parsemée de nuages, aux couleurs de la société Hype, pour laquelle il travaille. Il l'a adoptée il y a six ans et elle roule à l'hydrogène. "Un plein d'hydrogène s'effectue à peu près de la même manière qu'un plein classique : on a un réservoir et une pile à combustible – qui est le cœur de la voiture. La pile va prendre l'hydrogène qu'on y met et le mettre en contact avec l'oxygène de l'air ambiant. Ce contact va créer de l'électricité qui va alimenter le moteur", détaille le chauffeur de taxi.
À l'époque où Nabil a commencé à rouler à l'hydrogène, il n'avait qu'une station pour faire son plein, place de l'Alma à Paris. Désormais, il devrait en trouver de plus en plus puisque Hype a annoncé lundi 25 avril le déploiement de nouvelles stations de recharge de ce gaz pour ses 200 taxis à hydrogène. La société mise sur cette technologie depuis 2015, un moyen selon elle d'accélérer le déploiement de véhicules propres. En effet, si l'hydrogène est présentée comme décisive par beaucoup pour la transition écologique, elle n'est pourtant utilisée que de manière anecdotique dans les transports, alors qu'elle est très employée dans l'industrie pétrolière et chimique.
Pas de rejet de fumées toxiques
Pour déployer de nouvelles stations de recharge, Hype s'est notamment associée avec HRS, le fabricant français de ces stations. "À l'heure actuelle, on utilise quatre stations. On en vise 26 dans le réseau à la fin de l'année 2024", explique Mathieu Gardie, le fondateur de la société de taxis.
"On a des objectifs qui restent très ambitieux par rapport au reste de la filière car on est vraiment convaincus que l'hydrogène est un des éléments de solution pour décarboner les transports."
Mathieu Gardie, fondateur de Hypeà franceinfo
Nabil confirme : il ne voit que des avantages à la voiture à hydrogène. "Je considère cela comme un progrès dans ma manière de travailler." Il met en avant l'absence de rejet de fumées toxiques - les véhicules n'émettent pas de gaz à effet de serre mais de la vapeur d'eau - et une facture à la pompe quasiment identique à un plein d'essence. "Il est possible de migrer vers une solution plus respectueuse de l'environnement et qui, par ailleurs, présente moins de contraintes que l'électrique à batterie", se félicite Nabil.
Une production basée sur des énergies fossiles
Pourtant, la production de l'hydrogène reste le gros point noir de cette énergie. En effet, elle repose aujourd'hui principalement sur des énergies fossiles polluantes. L'alternative est donc de le produire par électrolyse, avec de l'électricité renouvelable. "Le principe de l'électrolyseur est de produire de l'hydrogène à partir de l'eau : on casse la molécule d'eau et on récupère le H2 pour faire de l'hydrogène", détaille Mathieu Gardie.
C'est pour cela que Hype s'est aussi associé avec McPhy, un fabricant d'électrolyseurs. "On va être sur des stations qui auront soit un électrolyseur qui produit sur site, soit un électrolyseur en région et on amènera alors l'hydrogène sur des stations qui seront dans la même zone." La compagnie espère faire ainsi circuler jusqu'à 10 000 véhicules d'ici 2024 et se déployer dans 15 autres villes, en France et en Europe.
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