Fin des coupures d'électricité par EDF : "C'était une pratique d'un autre âge", souligne la Fondation Abbé Pierre
La fondation Abbé Pierre appelle les fournisseurs d’énergie à faire comme EDF, qui ne coupera plus l’électricité en cas d’impayé.
À partir du vendredi 1er avril, EDF ne coupera plus l'électricité de ses abonnés mauvais payeurs malgré la fin de la trêve hivernale. Une décision prise par l'opérateur en novembre 2021. Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a salué sur franceinfo la fin d'"une pratique d'un autre âge". Pour lui, "l'abolition des coupures d'énergie est une mesure de première urgence" car les plus précaires sont les premières victimes de la flambée des prix de l’énergie aggravée par la guerre en Ukraine.
franceinfo : Combien de foyers sont concernés par cette mesure ?
Christophe Robert : C'est à peu près 70% des abonnés à l'électricité. Donc, c'est important. C'est une décision qui a été prise en novembre dernier. Elle s'applique à partir d'aujourd'hui. Ça veut dire que tous ceux qui ont rencontré des difficultés passagères ou plus longues face à une flambée impressionnante des prix de l'énergie vont voir leur puissance d'électricité réduite plutôt qu'une coupure qui était une pratique d'un autre âge. Cela voulait dire : frigo éteint, impossibilité de charger son portable... Il faut que les autres fournisseurs d'énergie fassent de même et qu'on passe par la loi comme on l'avait fait en 2013 avec l'interdiction des coupures d'eau, parce que c'est un besoin de première nécessité.
Il n'y aura pas de coupures, mais une puissance minimal d'un kilowattheure. Que peut-on faire avec ?
On va pouvoir recharger son téléphone portable. Le frigo va pouvoir rester allumé. On va pouvoir allumer quelques lumières. Un minimum, le temps de voir comment on peut régulariser la situation, omment peut-on rééchelonner la dette. On accompagne des personnes qui ont subi des coupures d'énergie. Ça veut dire que du jour au lendemain, vous n'avez plus rien. Vous ne pouvez plus rien faire. Donc ça veut dire que le gamin ne peut pas étudier. Dans le frigo, les aliments sont gâchés. On est dans une situation qui est absolument d'un autre âge.
Aujourd'hui, c'est la fin de la trêve des expulsions. Il y a beaucoup d'enjeux autour des risques d'expulsion locative, mais cette question des coupures est essentielle. Je rappelle juste qu’en 2021, il y a eu 780 000 coupures ou réductions de puissance alors qu'il y en avait eu 550 000 l'année d'avant. Donc il y a une explosion. Il faut mettre des protections. Il faut tendre la main aux personnes pour essayer de les sortir de ce moment difficile.
La guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie qu'elle engendre vont rendre la situation des précaires encore plus difficile ?
Évidemment. Même avant la guerre en Ukraine, il y a eu, par exemple, 40% d'augmentation du gaz en quelques mois. L'électricité a flambé également. La guerre vient accentuer considérablement ce risque, essentiellement pour les ménages pauvres et modestes, et essentiellement pour les ménages qui vivent dans des passoires thermiques, c'est-à-dire des logements très mal isolés. C'est à peu près 5 millions de logements dans notre pays. C'est pour cela qu'il faut les abolir avec ces coupures, mais c'est aussi pour cela qu'il faut augmenter le chèque énergie pour les ménages les plus pauvres, les plus modestes. Il faut accélérer la rénovation thermique des logements. Mais l'abolition des coupures d'énergie est une mesure de première urgence. Il faut derrière enclencher les politiques plus structurelles, celles qui vont permettre d'offrir une réponse plus durable.
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