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Guerre en Ukraine : le biogaz, alternative crédible au gaz russe ?

Pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures russes, le biométhane et le biogaz sont vus comme des solutions. Reportage dans une ferme des Yvelines, près de Paris, où un groupe d’agriculteurs a décidé de se lancer.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 

Depuis la route qui passe au milieu des champs dans les Yvelines, une grosse ferme en pierres cache en partie trois dômes gris clair. C'est dans ces cuves que Christophe Robin et ses cinq associés, tous agriculteurs comme lui, vont fabriquer du biogaz. "Pour faire simple, il s’agit d’un gros mixeur, explique l'agriculteur. C'est un gros moteur, avec des grandes pales, qui va vraiment affiner la matière. Cela va être mélangé avec un peu d'eau et on va faire une grande soupe qui fermente. Et la fermentation va permettre de créer du gaz." 

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Ce biogaz, ou le biométhane, est l’une des solutions évoquées pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures russes. Une question sur la table du sommet à Versailles où se retrouvent les chefs d’États européens jeudi 10 mars. Le biogaz est produit dans les exploitations agricoles, notamment à partir de déchets. La filière a commencé à monter en puissance, mais elle reste balbutiante.

Pour faire leur "grande soupe", les six agriculteurs associés récupèrent les déchets de leurs fermes. "Il y a plein de petites graînes, indique Christophe Robin. Cela peut être des issues de silos, des poussières, des écarts de tri, des pulpes de betterave ou encore d'autres éléments comme la pomme de terre et de l'oignon." Et surtout ils vont mettre en culture une sorte d’orge. Elle représentera 80% de la matière mais sans empiéter sur leurs cultures alimentaires. "On va même faire mieux, c'est-à-dire que sur mon exploitation je vais avoir une culture de production d'énergie et en plus, j'ai conservé ma culture de vente", développe l’agriculteur des Yvelines.

Christophe Robin, agriculteur dans les Yvelines, montre des déchets agricoles qui seront utilisés dans le méthaniseurs, mars 2022. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

"Si cela comble un déficit à un moment, c'est parfait"

Ce projet à six millions d'euros a un intérêt direct pour la ville voisine. "Aux beaux jours, ce sera l'unité qui fournira le plus de gaz pour Rambouillet, souligne Anne Cabrit, directrice du Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, et conseillère régionale d’Île-de-France. Je crois qu'on est au-delà de 20% à 30%. On sait bien que ce n'est peut pas être douze mois sur douze, ce n'est pas possible vu l'unité que c'est, mais si cela comble un déficit à un moment, c'est parfait."

Des unités comme celle-ci, il y en a plus de 900 en France. Pour Jean-louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables, ce n’est qu’un début : "Le gaz russe aujourd'hui représente 20% de notre consommation, donc 80 térawattheures (TWh) aujourd'hui. Ce qui est produit en biométhane représente 1%, c'est 4 TWh. On a un portefeuille de projets qui permettrait d'aller à 25 TWh dans les deux ou trois ans à venir."

Si l’État fait accélérer l’instruction des dossiers par ses services et garantit un prix d’achat minimum du gaz pour les grosses installations, explique Jean Louis Bal, les industriels pourraient rejoindre les agriculteurs. Dans ces conditions, le biogaz pourrait peut-être complètement remplacer le gaz russe, mais cela prendrait environ dix ans.

Le biogaz, piste pour l'indépendance énergétique ? Reportage de Grégoire Lecalot

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