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Fermeture du site Bridgestone de Béthune : "On a quand même eu quelques avancées", indique l'avocat du Comité social et économique

Me Stéphane Ducrocq, invité de franceinfo espère qu'il est encore possible de sauver les emplois des salariés.

Article rédigé par franceinfo
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L'usine Bridgestone de Béthune, dans le Pas-de-Calais. (NICOLAS MATHIAS / FRANCE-INTER)

"On a quand même eu quelques avancées", a indiqué sur franceinfo Me Stéphane Ducrocq, avocat du Comité social et économique (CSE) de Bridgestone. Les ministres de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et du Travail, Elisabeth Borne, se sont entretenues lundi 21 septembre avec des élus et la direction du groupe. Le gouvernement, les élus locaux et les syndicats de l’usine de Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais) entendent faire pression sur la direction pour tenter d'éviter la fermeture du site du géant japonais du pneumatique, qui emploie 863 personnes.

franceinfo : À l’issue de cette réunion, y a-t-il un espoir que l’usine ne ferme pas ?

Me Stéphane Ducrocq : Les représentants du personnel veulent y croire. Ils veulent absolument trouver une solution alternative à cette décision de fermeture. Ils vont se battre pour. Sur le plan technique, on a plein d'idées, mais il n'y en a aucune de concrète. Je crois qu'il pourrait y avoir, tout d'abord, la possibilité de voir Bridgestone garder son usine en la modernisant. Et puis ensuite si Bridgestone campe sur sa position, trouver un repreneur qui viendrait prendre la place de Bridgestone. On croit à l'une ou l'autre de ces possibilités.

Est-ce que ces solutions sont suffisantes pour empêcher des suppressions de postes?

On a tous le sentiment qu'il y aura des suppressions de postes. Notre voeu, c’est qu’il y en ait le moins possible. Bien évidemment si on avait zéro suppression de postes, on serait très, très contents, mais on n'en est pas arrivé là aujourd'hui.

Que vous inspire la position de la direction qui reste très ferme en disant que la seule solution, c’est la fermeture ?

C'est ce qu’elle disait la semaine dernière. On a quand même eu quelques avancées. D’abord, la direction a accepté de signer avec les organisations syndicales un accord de dialogue social. Il accorde du temps aux discussions, justement, et à la recherche de solutions alternatives. On va pouvoir discuter pendant une période de cinq mois. Et puis aujourd'hui, la direction Europe de Bridgestone a accepté de parler avec l'État et la Région. Donc, on a fait quand même un petit pas par rapport à la semaine dernière.

Est-ce que l’État et la Région doivent mettre la main à la poche ?

Ils en ont clairement l'intention. Encore faut-il que Bridgestone accepte de l'argent et accepte de revoir sa position. Mais oui, on a le sentiment que la Région et le gouvernement ont envie que ce site demeure et puisse continuer dans l'avenir.

Les arguments de la direction, toujours à ce stade, sont une surcapacité de production en Europe et la concurrence asiatique. Ces arguments sont-ils valables ?

Non, pas du tout. Pour la simple et bonne raison qu'en réalité, Bridgestone a choisi de sacrifier ce site depuis des années. Il n'y a eu aucun investissement sérieux pendant que le groupe mettait 60 millions en Pologne, par exemple. Ici, on nous avait promis six millions euros d'investissement en trois ans à partir de 2021. Cela ne garantissait même pas la maintenance des machines. Donc non, c'était la chronique d'une mort annoncée pour cette usine. La volonté, elle était bien connue. Les pouvoirs publics le savaient également puisque régulièrement, ils allaient voir les dirigeants Bridgestone pour tendre la main, pour demander s'il fallait des aides et Bridgestone faisait la sourde oreille.

L’État semble impuissant face à ces fermetures ?

La loi est ainsi faite. L'employeur, un directeur d’une entreprise ou de groupe peut décider d'arrêter de faire fonctionner son usine lorsqu'il en a envie. Il n'y a pas dans le droit français d'éléments contraignants pour l'en empêcher.

Faites-vous confiance à ce stade aux pouvoirs publics ?

Pour l’instant, on a envie d'y croire. Les salariés sont déjà terriblement tristes et abattus. Et il faut y croire, il faut absolument faire en sorte que cette décision ne soit plus ce qu’elle est.

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