Révocation de Mathieu Gallet : les syndicats de Radio France inquiets pour l'avenir
Après la révocation de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, le syndicat Sud a exprimé mercredi ses craintes et le SNJ a demandé "l'interruption des discussions sur l'avenir de l'audiovisuel public."
Les syndicats de Radio France s'interrogent pour l'avenir du groupe de radios publique après la révocation, par le CSA, de leur patron, Mathieu Gallet. Il devra quitter la présidence le 1er mars. Cette décision du conseil supérieur de l'audiovisuel fait suite à sa condamnation en première instance, à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende pour "favoritisme" lorsqu'il présidait l'Institut national de l'audiovisuel (INA) de 2010 à 2014.
Le syndicat Sud demande à être reçu "urgemment par le gouvernement"
Jean-Paul Quennesson, délégué SUD-Radio France, a souhaité mercredi sur franceinfo que "la moindre des choses est que nous soyons reçus urgemment par le gouvernement et notamment la ministre de la Culture pour que nous puissions avoir les meilleures assurances pour l'avenir."
"Nous savions que nous rentrions dans une période de turbulences avec les projets du président de la République, du gouvernement, d'un grand big bang dans l'audiovisuel, a jouté le syndicatliste. "L'affaiblissement de son PDG ou la vacance même de la présidence opérationnelle de l'entreprise, c'est un grand sujet de préoccupation pour nous tous, car les perspectives sont assez sombres", a-t-il poursuivi.
Pour Jean-Paul Quennesson, la décision du CSA ne change rien. "Comment imaginer des relations fluides, sereines, apaisées, après les déclarations des ministres de la Culture, des Finances et de la Justice qui demandaient le départ de Mathieu Gallet alors même qu'il y a une grande négociation qui doit s'engager entre les responsables des entreprises publiques et le gouvernement. Dans tous les cas, maintien de Mathieu Gallet ou pas, nous avions les plus grandes craintes."
le SNJ Radio France estime que le "navire Radio France" est "sans capitaine"
Le syndicat national des journalistes de Radio France a écrit dans un communiqué que la révocation de Mathieu Gallet place le groupe "dans une situation aussi inédite que périlleuse, à l'heure où l'Etat veut profondément réformer l'audiovisuel public". "Aujourd’hui sans capitaine, le navire Radio France, qui pourtant affiche des résultats d’audience exceptionnels, n'a plus ni gouvernail, ni boussole", a souligné le syndicat. Il promet d'être "sur le pont pour tenter d'éviter que cette belle maison ne soit sabordée par son actionnaire."
La révocation d'un président en exercice est une première dans l'histoire de l'audiovisuel public. Dans ces conditions exceptionnelles, le SNJ demande "l’interruption des discussions sur l'avenir de l'audiovisuel public jusqu'à ce que Radio France ait retrouvé un dirigeant légitime", et estime qu'aucun intérimaire ne peut "raisonnablement engager l'avenir et l'existence même de l'entreprise".
Le syndicat UNSA Radio France trouve qu'on "peut se demander si le CSA obéit aux ordres"
La décision du CSA tombe au "pire moment" a estimé Philippe Ballet, délégué syndical UNSA de Radio France sur franceinfo. Le gouvernement veut réformer en profondeur l'audiovisuel public. Pour le syndicaliste, Mathieu Gallet "était légitime pour défendre le contrat d'objectifs et de moyens qu'il avait signé avec l'Etat". Il ajoute qu'"on peut se demander s'il [le CSA] obéit aux ordres" et souhaite que les discussions avec l'Etat concernant la réforme soient suspendues "tant que l'on n'a pas d'interlocuteur à Radio France pour engager un dialogue".
L'UNSA avait déjà remarqué que le quotidien de Radio France était ralenti. "Déjà ces derniers temps c'était un petit peu bloqué du point de vue du pouvoir décisionnel de l'entreprise du fait de la condamnation de Mathieu Gallet [en première instance], on sentait que les dossiers n'avançaient plus, que ce soit des dossiers collectifs ou individuels."
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