"On se demande ce qu'on va faire" : le patronat redoute les arbitrages du prochain gouvernement en matière fiscale

Les patrons, notamment de petites et moyennes entreprises, s'inquiètent depuis des mois de possibles hausses d'impôts ou de baisses d'exonérations de cotisations fiscales.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ce sont notamment dans les PME que l'on redoutent le plus les hausses d'impôts. Photo d'illustration. (REMY_GABALDA / MAXPPP)

Des efforts, exceptionnels ou pérennes, vont-ils être demandés à certaines entreprises ? Le gouvernement de Michel Barnier, dont la formation semble imminente, devra effectuer de nombreux arbitrages en matière fiscale. Le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, recommande de "lever le tabou" concernant les hausses d'impôts. Et pour les patrons, lever ce tabou, c'est une angoisse de plus.

Le patronat répète depuis des mois qu'il ne faut pas toucher à la politique de l'offre menée ces dernières années. Une politique plutôt favorable aux entreprises avec des baisses d'impôts de production. Tous les chefs d'entreprise ont en tête la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Un impôt local dont la suppression a été promise par Bruno Le Maire mais plusieurs fois reportée. Techniquement, elle est prévue pour 2027.

Le Medef ou encore la CPME craignent que l'état des finances publiques et le besoin de recettes mettent à mal cette promesse. Michel Barnier l'a pourtant reconnu lui-même : la France reste le pays "où la charge des impôts est la plus forte". Il est donc attendu au tournant par les organisations patronales sur cette question.

La fin des aides à l'apprentissage inquiète

Il y a aussi ces menaces sur certaines aides à l'embauche, notamment les aides à l'apprentissage qui sont très subventionnées depuis 2020. Elles sont accusées de provoquer des "effets d'aubaine" au niveau licence ou master. Déjà dans le collimateur de l'exécutif sortant, elles seront dans celui du prochain gouvernement. "On se demande ce qu'on va faire", explique Bernard Hibert qui dirige une entreprise de fabrication d'escaliers, avec 15 salariés dont quatre en apprentissage. "La première année de l'apprentissage, on investit, c'est-à-dire qu'on ne gagne pas d'argent, on en perd parce qu'on fait notre boulot de formation."

"Si on n'a pas stabilité, on va retomber dans les travers qu'on a connus, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on ne recrute plus autant d'apprentis et on s'interroge."

Bernard Hibert, patron d'Escaliers Hibert

à franceinfo

Il y a aussi le débat autour des salaires, et notamment les bas salaires, qui inquiète. Parmi les pistes sur la table du nouveau Premier ministre pour "désmicardiser" le travail, il y a la réduction de certaines exonérations de cotisations sur les salaires autour du Smic.

Un coup de pouce en moins qui risque de peser sur certains secteurs, alerte Guillaume Richard, patron et fondateur de Ouicare, un groupe de services à la personne : "Dans mon métier, les rémunérations vont globalement du Smic jusqu'à 10-15% au-dessus du Smic. Si on baisse le niveau des exonérations de cotisation sociales, si on augmente mes coûts salariaux, ça m'obligera à augmenter mes prix. Or mon concurrent numéro un, c'est le travail au noir, qui n'a pas ces contraintes-là. C'est comme si vous aviez une course où vous devez porter un poids qui est beaucoup plus important que vos concurrents."

Des prix plus élevés, des clients en moins, avec pour conséquence des salariés en moins. Voilà ce qui menace ce patron dont le groupe embauche 20 000 personnes en France.

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