Stellantis : la CGT dénonce la "rémunération indécente" de Carlos Tavares et un "jeu de dupes"
"Dans les ateliers, c'est l'écœurement", se fait l'écho Cédric Brun, délégué syndical central adjoint CGT Stellantis. La rémunération de Carlos Tavares, directeur exécutif du 4e constructeur automobile mondial, doit s'élever à 66 millions d'euros pour 2021. "Le DRH nous disait qu'il fallait savoir être raisonnables".
"Dans les ateliers, c'est l'écœurement" face à "cette rémunération absolument indécente", a réagi Cédric Brun, délégué syndical central adjoint CGT Stellantis alors que Carlos Tavares, directeur exécutif du 4e constructeur automobile mondial, devrait toucher une rémunération de 66 millions d'euros pour l'année 2021. Une partie des actionnaires s'est prononcée contre. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a jugé la rémunération "excessive". Le groupe Stellantis issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler la justifie au regard des bons résultats de l'entreprise en 2021. "Ils ont été très bons parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, il y a des milliers de postes qui sont supprimés sur les chaînes de montage, dans les bureaux, dans les ateliers", a expliqué le délégué syndical.
franceinfo : Quelle est votre réaction ?
Cédric Brun : Je ne sais pas quel emploi aujourd'hui chez PSA peut justifier une telle rémunération. Surtout qu'aujourd'hui, on parle de 19 millions. Sauf qu'au total, quand on regarde les rémunérations variables, le plan d'actions gratuites, les rémunérations de long terme, on arrive à 66 millions d'euros, ce qui représente par jour 180 000 euros. Je peux vous dire que dans les ateliers, c'est l'écœurement.
"Ils risquent d'y avoir des mouvements qui vont s'implanter un peu partout."
Cédric Brun, délégué syndical central adjoint CGT Stellantisà franceinfo
Une partie des actionnaires ont refusé cette rémunération. Cela vous rassure ?
C'est purement symbolique parce qu'aujourd'hui, le groupe est passé sous direction néerlandaise, donc bien qu'il y ait un vote contre, ça ne va rien changer.
"Le gouvernement a une partie de responsabilité dans cette énorme rémunération parce qu'il faut quand même savoir que si aujourd'hui Stellantis a pu faire 13 milliards de bénéfices, c'est surtout grâce aux aides d'État."
Cédric Brunà franceinfo
Pendant le chômage partiel, ces aides ont permis à une entreprise qui a vendu moins de voitures que l'année dernière de faire un chiffre d'affaires absolument monstrueux. Il y a un jeu de dupes. Cette rémunération est absolument indécente compte tenu des augmentations salariales qui ont été données aux salariés. Je rappelle 2,8%, soit à peine 40 euros par mois. Le DRH à l'époque, pendant cette négociation, nous disait qu'il fallait savoir être raisonnables.
Les salariés ont reçu une prime de 4 000 euros minimum. Ce n'est pas suffisant ?
Cela sert surtout à cacher la faiblesse des salaires. Très peu de salariés l'ont obtenue. C'est 4 000 euros brut. Ensuite, il faut retirer les impôts, c'est que cette prime a été indexée sur les absences. À titre personnel, j'ai eu des grèves, j'ai eu des maladies, j'ai eu à peine 3 400 euros. Compte tenu ce qu'ont touché nos collègues américains, c'est-à-dire 14 000 dollars, on est loin du compte. Mais surtout, ce qui est important, ce n'est pas vraiment les primes qui sont aléatoires, ce sont les augmentations de salaire fortes dont on a besoin. On nous a accordé 2,8%. Or, l'inflation est au-dessus de 4%.
Qu'attendez-vous des deux candidats à la présidentielle ?
Absolument rien. J'ai vu les différentes déclarations des uns et des autres. Ils sont tous plus ou moins d'accord sur ce système de rémunération absolument monstrueux sous prétexte que les résultats de l'entreprise ont été très bons. Mais les résultats d'entreprises ont été très bons parce qu'il faut savoir qu'aujourd'hui qu'il y a des milliers de postes qui sont supprimés sur les chaînes de montage, dans les bureaux, dans les ateliers. Tout cela a des conséquences.
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