Fast fashion, ultra fast fashion : c’est quoi la mode rapide, jugée responsable de la disparition des enseignes traditionnelles ?

Les enseignes d'habillement traditionnelles sont victimes d'une vague de liquidation judiciaire, ces derniers mois. En cause, l'essor de la fast fashion.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le site internet Shein, détaillant chinois de mode en ligne, janvier 2022. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

Alors que l'enseigne de mode Burton a été placée en liquidation judiciaire, mardi 13 février - comme une série d'autres enseignes avant elle - un député Les Républicains dépose une proposition de loi pour contrer la fast fashion. Antoine Vermorel-Marques veut taxer les géants de cette mode effrénée, jugée responsable de la disparition progressive du secteur traditionnel de l'habillement.

Littéralement, la "fast fashion", c'est la mode rapide. On parle aussi de mode jetable parce que dans l'industrie de l'habillement classique, on avait quatre saisons, quatre grandes collections mises sur le marché. À partir des années 80, l'accélération commence avec dix collections par an puis 52. Zara, par exemple, met en rayon 500 nouveaux modèles chaque semaine. On pense aussi à H&M, Primark ou encore Bershka. Mais aujourd'hui, avec notamment la plateforme Shein, on arrive à 8 000 produits inédits chaque jour, expédiés dans plus de 120 pays.

Cadence de production et exploitation

Pour tous les observateurs de la fast fashion, ce système ne fonctionne que s'il y a exploitation des ouvriers - et plus particulièrement des ouvrières - du textile. D'abord en Chine, puis progressivement dans d'autres pays d'Asie du sud-est où les salaires sont encore plus bas pour des journées qui n'en finissent plus : 14 heures et jusqu'à 18 heures de travail pour toucher, par exemple, 0,18 centime pour une robe dans des conditions indignes voire dangereuses.

Souvenez-vous du drame du Rana Plaza : une usine de confection au Bangladesh, non conforme aux normes de sécurité. Le bâtiment s'était effondré faisant plus de 1 100 morts et 2 500 blessés.

Le succès à la clé

Depuis plus de 40 ans, les clients sont toujours là. On estime qu'il se vend 56 millions de tonnes de vêtements, chaque année, dans le monde. C'est deux fois plus que dans les années 2000. Conséquence, évidemment : la pollution augmente, pour produire et ensuite détruire ces montagnes de déchets textiles. Et la nouvelle "ultra fast fashion" n'arrange rien, avec Shein ou Temu.

C'est ce qu'affirme Audrey Millet, historienne de la mode, autrice du Livre noir de la mode : "Fast fashion, ultra fast fashion : même combat. Parce que la fast fashion est basée sur la prédation de l'environnement et du travailleur. L'ultra fast fashion aussi, sauf que les volumes sont multipliés. Ils font des produits encore moins chers, donc faits dans des conditions encore plus abominables d'exploitation du travailleur. Au point de les tuer, afin de baisser les coûts encore plus et encore plus." On estime que cette industrie rejette à elle seule 10% des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

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