Hôpitaux : quelles sont les revendications des soignants en grève ?
Mardi, les employés des hôpitaux sont appelés à manifester. Franceinfo vous décrit les raisons de leur colère.
Ils veulent témoigner du "profond malaise" qui touche les hôpitaux. Mardi 11 juin, alors que le Sénat doit adopter le projet de loi Santé de la ministre Agnès Buzyn, les syndicats CGT, FO, Sud et CFE-CGC appellent à "une journée de mobilisation et de grève nationale". Sur fond de crise dans les urgences, ils veulent exprimer leurs "revendications d'effectifs et budgétaires supplémentaires pour faire face à l'activité croissante". "Tous nos secteurs d'activités sont touchés", précise un communiqué (PDF). Que réclament-ils ? Franceinfo fait le point.
De meilleures conditions de travail
Dans leur communiqué, les syndicats mettent en avant "la pénibilité [des] métiers". "Nous sommes tous à bout, physiquement et psychologiquement. Nous sommes confrontés à des pathologies différentes. Des problèmes de sommeil, de stress, des maux de dos." précise un infirmier de nuit dans les colonnes du Parisien. Le collectif Inter-Urgences abonde, soulignant "la fatigue et l'épuisement des agents qui, après 12 heures de travail, ne seront pas en capacité d'effectuer leur travail avec le degré de concentration qu'exige la prise en charge d'êtres humains". Les soignants réclament une reconnaissance de ces conditions de travail difficiles à travers, notamment, "un départ anticipé à la retraite".
Arrêts de travail à Saint-Antoine @APHP : la direction panique et demande aux #paramédicaux de doubler jour+nuit de travail, soit plus de 18h ! Qui est encore étonné que nous soyons en burn-out ?? C'est une mise en danger de la #santé des patients et des #soignants ! pic.twitter.com/ZN88g6S9GL
— L'Inter-Urgences (@InterUrg) 8 juin 2019
Les soignants en grève demandent aussi "l'augmentation des effectifs" face à une surcharge qui est devenue la norme. En effet, le nombre de patients pris en charge aux urgences est passé de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2016, un record sans doute dépassé depuis. "On a doublé notre activité, mais on n'a pas doublé nos moyens", observe par exemple Tarak Mokni, responsable du Samu à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Un problème que reconnaît la ministre Agnès Buzyn, qui décrit dans Libération "un flux massif et continu de nouveaux patients aux urgences". Les soignants réclament ainsi "la création de 10 000 postes – infirmiers et aides-soignants – sur 550 hôpitaux en France", indique un infirmier de nuit au Parisien.
Une augmentation des rémunérations
Avec la hausse des effectifs vient la hausse des moyens. "Des années de politiques d'austérité, exclusivement guidées par une vision comptable d'économies à court terme, ont fini par gravement détériorer notre système de santé", déplore l'intersyndicale. La Fédération hospitalière de France précise que depuis 2005, 8,6 milliards d'euros d'économie ont été demandés aux établissements de santé. "On ne peut pas continuer à moyens constants avec une augmentation de 5% des activités tous les ans", commente auprès de Libération un dirigeant des Hôpitaux de Paris. Concrètement, les grévistes réclament une hausse des rémunérations de 300 euros net par mois.
L'arrêt des fermetures de lits
Enfin, les urgentistes s'inquiètent des fermetures de lits "d'aval" pour transférer les malades dans les autres services hospitaliers. "Il n'y a plus de soupape de sécurité. On a l'impression que ça ne s'arrêtera jamais", confie Philippe Fradin, chef des urgences de La Roche-sur-Yon (Vendée). L'intersyndicale demande donc "l'arrêt de la fermeture de services et de lits ainsi que d'établissements".
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