Seuls 6% des malades se présentent aux urgences de manière inappropriée, selon une étude
Selon cette étude française, les patients concernés ont souvent des difficultés à prendre rendez-vous avec un médecin généraliste.
L'engorgement des urgences serait-il dû aux patients ? De nombreux malades viendraient aux urgences pour un simple rhume, pour soigner un bobo ou pour une consultation qu'un médecin généraliste pourrait très bien réaliser. Ces passages inappropriés seraient l'une des causes de cet engorgement. Or, une étude française publiée dans la revue British Medical Journal Quality & Safety mercredi 30 octobre tend à remettre en cause cette idée reçue. Cette étude a notamment été réalisée par des médecins urgentistes auprès de 30 000 patients. Et ses conclusions sont sans appel.
Selon cette étude, l'immense majorité des patients ont bel et bien leur place aux urgences. Seuls 6% des malades se présentent aux urgences de manière inappropriée. On est bien loin des 30% qui faisaient jusqu'ici consensus dans la plupart des études menées sur le sujet. Alors, comment est-on passé de 30% à 6% ? Les critères ont en fait été affinés. "Quand on analysait séparément les indicateurs des autres études, on trouvait qu'on avait entre 10% et 30% des recours qui étaient inappropriés, ce qui correspond à peu près à la littérature internationale", explique Diane Naouri, ancienne cheffe de clinique aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, et l'une des premières autrices de l'étude. "Mais ce qu'on a apporté dans notre travail, c'est que quand on croisait toutes ces mesures, on ne trouvait plus que 6% des recours qui étaient considérés comme étant inappropriés."
Couverture santé très mauvaise
Principale nouveauté : les urgentistes ont été questionnés et les auteurs de l'étude ont regardé si les actes pratiqués sur les patients auraient pu être réalisés par un médecin généraliste.L'étude s'est également attardée sur le profil des patients qui se rendent aux urgences de manière inapropriée. Sans surprise, leur couverture santé est très souvent mauvaise. Les patients parlent aussi de leur difficulté à prendre rendez-vous avec un médecin généraliste.
Selon cette étude, l'engorgement des urgences n'est donc pas à chercher du côté des patients. "Le problème de l'engorgement des urgences n'est pas justement dans ces consultations-là", indique Diane Naouri. "Il est beaucoup plus dans une question de l'aval. (...) Il est plutôt sur une inadéquation entre la demande et notre difficulté à avoir des lits d'hospitalisation pour des patients." Surtout quand on sait, par exemple, que 100 000 lits ont été supprimés ces vingt dernières années dans les services d'urgence.
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