Salaires, conditions de travail, JO... On vous explique pourquoi la fonction publique est appelée à la grève mardi

Pas moins de huit syndicats du secteur appellent les 5,7 millions d'agents à cesser le travail, pour réclamer notamment de meilleures conditions salariales.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une manifestation d'enseignants pour de meilleurs salaires à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 1er février 2024. (MARC OLLIVIER / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Un coup de semonce avant les Jeux olympiques ? Les 5,7 millions d'agents de la fonction publique sont appelés à se mobiliser, mardi 19 mars, par huit syndicats du secteur, pour réclamer notamment de meilleures rémunérations. Cette journée de grève avait été annoncée le 24 février par la CGT, la CFDT, la CFE-CGC, la Fédération Autonome, Force ouvrière, l'UNSA, Solidaires et le Snes-FSU, réunis en intersyndicale. La fonction publique d'Etat, la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière sont concernées. Une manifestation nationale est prévue à Paris, et des rassemblements doivent avoir lieu dans d'autres départements. Franceinfo vous explique pourquoi ce mouvement.

Pour demander des moyens et des augmentations salariales

La grogne des organisations syndicales concerne d'abord le niveau des salaires des agents de la fonction publique. Dans un communiqué, elles dénoncent ainsi "l’absence de toute perspective de mesures générales d’augmentation des rémunérations dans la fonction publique, dans un contexte d’inflation encore soutenue". L'intersyndicale réclame ;"des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice". La baisse du financement des services publics par l'Etat est aussi contestée, alors que le gouvernement a révélé en février devoir trouver 10 milliards d'euros d'économie supplémentaires dans le budget.

Le secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires de FO, Christian Grolier, a ainsi expliqué que "les fonctionnaires et agents publics exercent leurs missions dans des conditions en perpétuelle dégradation", dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal et relayée par Le Figaro .

La grève concerne également les personnels éducatifs, qui mettent en avant des problématiques similaires. Dans le secondaire, le Snes-FSU réclame ainsi, selon un communiqué, "une augmentation de 10%" des salaires, "la réduction des effectifs par classe" et "l'abandon du choc des savoirs" voulu par Gabriel Attal, qui inclut notamment la mise en place de groupes de niveau.

Pour maintenir la pression à l'approche des Jeux

Au-delà de la journée du 19 mars, plusieurs syndicats menacent de poursuivre la grève pendant les prochains mois. Ils contestent la mise à contribution des fonctionnaires durant la période des Jeux olympiques, du 26 juillet au 11 août, sans contreparties suffisantes à leurs yeux. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a ainsi affirmé le 7 mars que le syndicat déposerait en avril des préavis de grève dans les trois branches de la fonction publique, pour la période couvrant les Jeux olympiques. Quelques heures plus tard, c'est FO qui a annoncé un préavis courant du 19 mars au 8 septembre, date de clôture des Jeux paralympiques. La CFDT et l'Unsa ont, à l'inverse, fait savoir qu'ils n'appelaient pour l'instant pas à la mobilisation dans la fonction publique cet été.

Parce que la réponse du gouvernement n'a pas convaincu les syndicats

Le gouvernement a tenté de déminer le terrain ces dernières semaines. Stanislas Guérini, le ministre de la Fonction publique, a promis, samedi sur franceinfo, "des primes de 500, 1 000, 1 500 euros pour tous les agents de la fonction publique qui seront sur le terrain" pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Le ministre a également affirmé que 10 000 chèques emploi-service universels seraient attribués aux fonctionnaires mobilisés qui devront faire garder leurs enfants, à hauteur de 200 euros par enfant en règle générale, et 350 euros par enfant pour les familles monoparentales.

Ces annonces peinent pour l'instant à convaincre les syndicats. Solidaires-FP a demandé, sur le réseau social X, un "même niveau de primes pour tous les agents concernés et [un] alignement par le haut à 1 900 euros", soit le montant promis aux policiers et gendarmes mobilisés. Mercredi, Sophie Binet a dénoncé sur France Inter une "impréparation totale" du gouvernement "sur toutes les questions sociales liées aux Jeux". "Nous avons eu de premières réponses, mais le compte n'y est pas du tout", a-t-elle ajouté.

Stanislas Guérini continue d'écarter une augmentation générale des fonctionnaires en 2024. Jeudi, le ministère de la Fonction publique a communiqué des chiffres selon lesquels le gouvernement a dépensé 13,8 milliards d'euros en mesures salariales depuis 2022 au bénéfice des agents publics. Pour 2024, "5 à 6 milliards d'euros" de dépenses supplémentaires sont prévues "par effet des mesures salariales" décidées ces dernières années, ajoute le ministère. Des chiffres présentés aux syndicats jeudi lors d'une réunion à Bercy, qui a tourné court : après avoir lu une déclaration commune dans laquelle ils demandent un diagnostic "objectivé" de l'évolution des rémunérations, les organisations présentes ont quitté les lieux. Dans un communiqué, l'intersyndicale a dénoncé, selon elle, le "choix hautement partial des éléments présentés".

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