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Augmentation des taux des prêts immobiliers : "Ça bouge vraiment, c'est très récent mais assez intense", selon les spécialistes du marché

Depuis le début de l'année 2022, on constate une augmentation des taux d'emprunt, tandis que l'inflation s'installe. Ce sont déjà les premières conséquences des évènements en Ukraine.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un couple regarde les annonces immobilières à Metz (Moselle), le 9 septembre 2021. (CÉCILE SOULÉ / RADIO FRANCE)

Le coup de frein a été quasi immédiat, fin février, dans les bureaux d'Artémis Courtage. Après deux années exceptionnelles, 2022 s'annonce moins favorable pour le marché de l'immobilier avec un début d'augmentation des taux d'emprunt"C'est le premier point qui est discuté avec nos clients, explique Ludovic Huzieux, co-fondateur de cette agence de courtiers en crédit immobilier. Ils nous demandent si c'est une bonne idée d'emprunter en ce moment par rapport à une période de printemps qui est le coup de départ de la belle saison immobilière."

Selon Ludovic Huzieux, "les téléphones dans les agences sonnent moins, on a moins de calculs d'emprunts sur le site internet."

"On reste sur des niveaux qui sont corrects mais beaucoup moins fous que l'année dernière."

Ludovic Huzieux, co-fondateur d'Artémis courtage

à franceinfo

Le marché semble bien être entré dans une nouvelle phase, après quatre années de taux bas. "Ça bouge vraiment, c'est très récent mais assez intense, poursuit Ludovic Huzieux. Depuis le début du mois de mars, on assiste à un mouvement de hausse généralisée qui se situe entre 0,20% et 0,40% dans toutes les banques. On imagine que ça va se poursuivre à l'intérieur de l'année, c'est clair."

Des envies différentes après l'ère post-covid

De quoi bouleverser bien des plans. On se souvient, après les confinements, de ces envies de maisons, au vert, une pièce en plus pour télétravailler. C'est peut-être du passé selon l'enquête du groupe SeLoger, menée dès le début du conflit en Ukraine qui a conduit à plusieurs incertitudes quant aux prix du gaz, de l'essence voire de l'agroalimentaire. 

"On commence à sentir des éléments à contre-courant de ce comportement qu'on avait post-Covid, estime Séverine Amate, porte-parole du groupe. Par exemple, pour 60% des répondants, la question du budget des carburants influence la recherche. Et on va s'intéresser dans les jours qui viennent à des questions beaucoup plus précises : le porteur de projet recherche-t-il plus proche des métropoles que ce qu'il ne faisait auparavant ? La question des surfaces est-elle remise en cause ? Là, on cherchait plus grand jusqu'à présent, est-ce que c'est l'inverse qui se produit parce que moins de superficie à chauffer ?"

"C'est peut-être le retour en force des appartements et l'ordre des critères pourrait changer sur les semaines à venir."

Séverine Amate, porte-parole du groupe SeLoger

à franceinfo

Peut-être même que le rêve d'une France de propriétaires s'éloigne. "Aujourd'hui, on a 25% des Français qui ne sont pas propriétaires et qui ne le souhaitent pas le devenir, explique Frédéric Micheau, directeur général adjoint d'OpinionWay. C'est énorme, c'est surtout en progression de 8 points par rapport à il y a six mois, donc très fort."

Enfin, pour les Français interrogés, le salut ne viendra pas de la campagne électorale : 60% des sondés estiment qu'aucun candidat favorise l'accès à la propriété.

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