: Reportage "Il faut un rééquilibrage" : à Saint-Malo, certains propriétaires acceptent la hausse de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires
À Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, un quart des logements sont des résidences secondaires. Si la taxe d'habitation a été supprimée pour les résidences principales, ce n'est pas le cas des résidences secondaires. Grâce à un nouveau décret, les communes peuvent choisir d'augmenter la taxe de 5 à 60%. En 2024, 1 461 communes ont choisi d'instaurer cette majoration, contre 308 en 2023, dont Saint-Malo.
Pour ceux qui y habitent à l'année, comme Annie, c'est logique de faire payer davantage ceux qui y vivent moins. "C'est tout à fait normal parce qu'ici, il y a un vrai problème de logement, notamment pour la jeunesse. Un tas de personnes qui avaient beaucoup d'argent ont eu la mainmise sur beaucoup de logements, donc il faut un petit rééquilibrage quand même."
À Saint-Malo, le prix du mètre carré a explosé : +50% en cinq ans. Même les propriétaires de résidences secondaires comme Jean-François comprennent cette hausse de taxe d'habitation, une source de revenus supplémentaire pour la ville. "Disons qu'on n'apprécie pas trop en général, mais bon, il y a de l'entretien à faire et les gens veulent aussi des loisirs. Il faut du matériel. On ne peut pas aller contre."
Une mesure pas si efficace que ça ?
L'objectif de cette mesure est d'inciter les propriétaires à remettre leur logement sur le marché locatif. Un message qui a pourtant du mal à passer. Sandrine habite à Saint-Malo trois mois dans l'année. Avec cette augmentation, elle va payer 600 euros de taxe d'habitation. Mais pour elle, hors de question de louer sa résidence de bord de mer.
"On adore Saint-Malo, donc on ne va certainement pas changer nos habitudes parce qu'il y aura 600 euros de plus, c'est sûr."
Sandrine, propriétaire d'une résidence secondaireà franceinfo
Même constat pour cet agent immobilier du front de mer. Il ne voit pas le marché immobilier se débloquer. "Ça ne changera rien, parce que les gens qui sont détenteurs d'un bien en résidence secondaire y sont plutôt attachés. C'est une population assez aisée et donc ce n'est pas ça qui les fera lâcher leurs biens et les reproposer sur le marché."
Deux millions d'euros supplémentaires pour la commune
Avec cette hausse de la taxe d'habitation, la commune va surtout gagner de l'argent : deux millions d'euros en plus chaque année. Et avec cet argent, le maire Gilles Lurton veut faire construire des logements d'accession sociale à la propriété. "Je veux donner la possibilité aux personnes qui bénéficient de logements locatifs sociaux, un jour ou l'autre, d'accéder à la propriété. "
Une manière d'augmenter le nombre de résidents principaux à Saint-Malo. Un enjeu majeur pour la commune. "Pour moi, une ville, elle vit de ses résidents principaux. Nous avons des écoles qu'il faut faire vivre. Nous avons des commerces qu'il faut faire vivre et il faut que nous ayons des jeunes actifs qui habitent notre ville, c'est très important.". Pour les trois prochaines années, la commune s'est même déjà engagée à construire 4 500 logements supplémentaires.
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