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Location de studios : les cinq arguments des propriétaires qui pratiquent des prix abusifs

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un déménageur, le 15 septembre 2014, à Paris. (FRED DUFOUR / AFP)

Francetv info a interrogé des propriétaires dont le logement est loué à plus de 41,61 euros le m2, seuil à partir duquel le loyer est considéré comme abusif pour les biens d'une surface inférieure à 14 m2.

En naviguant sur les sites d'annonces immobilières, il n'est pas rare de trouver un studio de 10 m² à Paris, avec les toilettes sur le palier, pour la somme de 580 euros par mois (charges comprises, tout de même). Une étude réalisée par le site MeilleursAgents pour Le Monde montre que 15% des studios parisiens sont proposés dans la capitale à des tarifs "abusifs" définis pour les biens de moins de 14m2, c'est-à-dire à plus de 41,61 euros le m2 selon le dispositif dit de la "taxe Apparu", qui impose théoriquement une surtaxe dans ce cas. 

Qui sont les loueurs qui se cachent derrière ces tarifs parfois exorbitants ? Francetv info vous propose un top cinq des justifications de propriétaires qui ont été contactés par nos soins. 

1"Tout le monde fait la même chose"

A la question, "comment fixez-vous le prix de votre logement ?", la grande majorité des propriétaires répond qu'elle s'aligne sur la concurrence. "Pour fixer le prix, j'ai regardé par rapport aux autres annonces sur le même type de bien", explique Ludovic*, un propriétaire d'une quarantaine d'années qui propose un studio de 9 m² pour 550 euros par mois dans le 16e arrondissement. "Si je compare avec les autres, je trouve que le prix est justifié, je pense être dans la moyenne", estime-t-il. Il dépasse pourtant de 175 euros mensuels la limite au-dessus de laquelle le loyer de son logement est considéré comme abusif.

Même son de cloche chez Francis, qui se situe également au-dessus de ce seuil avec son studio de 11 m² loué pour 500 euros par mois dans le 17e arrondissement : "J'ai fixé le prix en fonction des tarifs dans le quartier après avoir fait des comparatifs sur internet."

2"Je dois rembourser mon crédit"

Pascal loue pour sa part un studio de 10 m² pour 530 euros dans le 12e arrondissement, soit près de 115 euros au-dessus du seuil de la "taxe Apparu". Pour lui, c'est surtout sa capacité à rembourser le crédit contracté pour acheter son studio qui entre en jeu : "Au moment du crédit, il faut calculer les assurances, la taxe d'habitation, la taxe foncière, si vous ne voulez pas perdre de l'argent dans l'affaire." Il n'envisage donc pas de baisser son loyer : "Je ne suis pas là pour louer à perte, je n’ai pas de fortune personnelle pour héberger gratuitement les gens."

Même argument pour Julien, jeune propriétaire de 24 ans qui propose un studio de 9 m² au prix de 560 euros dans le 17e arrondissement (presque 200 euros au-dessus du seuil). "J’ai fixé le prix par rapport à mon crédit. A titre personnel, je trouve ça cher, mais acheter, c’est très cher aussi. Je préférerais mettre en location à 300 euros et acheter deux fois moins cher, mais ce n'est pas la réalité du marché", explique le jeune homme, qui possède une vingtaine de studios sur Paris.

3"Mon studio est super"

Julien dit faire dans le qualitatif : le studio "a été rénové entièrement avec goût, il est meublé avec une télévision écran plat, de la vaisselle et surtout les WC et la douche sont à l’intérieur". Francis aussi estime qu'il peut un peu gonfler les prix vu la localisation de son studio : "On est à 5 minutes de la Tour Eiffel quand même." Pascal vante également la qualité de ses biens immobiliers et explique qu'il rend service à la société : "J’ai acheté des trucs insalubres que j’ai pris le temps de rénover avant de les remettre sur le marché."

4"Les dispositifs d'encadrement ne sont pas efficaces"

Les propriétaires s'accordent tous pour dire que les dispositifs cherchant à contrôler les loyers, de la "taxe Apparu" à l'encadrement de la loi Duflot (expérimenté dès cet été à Paris), ne sont pas efficaces. Pour Ludovic, il s'agit de mesures inutiles tant la demande est importante dans la capitale : "De toute manière, les gens diront officiellement qu'ils s'alignent, avant de réclamer de l'argent sous la table aux locataires. Par exemple, un père m'a déjà proposé 500 euros pour faire passer le dossier de son fils en haut de la liste."

"Si on encadre le prix, ce n’est pas possible, ça paralyse le marché", avance Pascal, qui estime que la "taxe Apparu" est inefficace car le gouvernement ne souhaite pas pénaliser l'économie du secteur. Julien trouve par ailleurs que les textes législatifs sur le logement sont "incompréhensibles" et "décourageants". Il prévient qu'en cas de mesure trop contraignante, il pourrait revendre ses appartements : "Si, à un moment, cela n’est plus intéressant pour moi, je revendrai tout !"  

5"Cela permet de faire le tri dans les locataires" 

Si le prix de départ est cher, un "bon" locataire peut conduire Francis à faire un geste : "Je suis prêt à descendre si je tombe sur le locataire idéal, car je préfère le louer moins cher mais avoir une personne bien, vu que la chambre se situe au-dessus de mon logement."

Pour René, il s'agit de trouver le juste milieu pour dénicher le bon locataire : "Si vous louez trop cher, vous ne parvenez pas à trouver preneur. Mais si vous ne louez pas assez cher, vous allez tomber sur des gens qui vont vous foutre la merde, qui n'ont aucun respect." Du coup, ce retraité propose un studio de 12 m² dans le 16e arrondissement pour 625 euros par mois (125 euros au-dessus de la limite évoquée).

* Tous les prénoms ont été modifiés. 

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