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Réforme de l'aide à la rénovation énergétique : "On stigmatise les foyers aisés en les écartant totalement de l'incitation"

Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment, estime mercredi sur franceinfo que le nouveau système d'aide à la rénovation énergétique va faire "baisser le budget d'accompagnement" des Français.

Article rédigé par franceinfo
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Un artisan travaille sur la rénovation thermique d'une maison. (illustration) (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)

Dès 2020, une prime d'Etat, et non plus un crédit d'impôt, devrait permettre de réaliser des travaux de rénovation énergétique des bâtiments, a indiqué mardi 24 septembre le gouvernement avant l'examen du projet de loi de finances. Le montant remboursé sur les travaux dépendrait des revenus du ménage mais aussi de la performance de la rénovation.

20% de ménages les plus aisés seront exclus de ce nouveau dispositif, une manière de faire "baisser le budget d'accompagnement de nos compatriotes", estime Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), invité mercredi sur franceinfo. Les ménages les plus aisés "risquent d'être tentés par des travaux d'embellissement plutôt que par le fait de faire des travaux de rénovation énergétique", conclut Jacques Chanut.

franceinfo : Le gouvernement veut un système plus simple et plus juste. Est-ce le cas selon vous ?

Jacques Chanut : On passe d'un crédit d'impôt à 30% sur tous les travaux que vous faisiez, quel que soit votre niveau de revenus, quel que soit le lieu que vous habitiez, collectif ou individuel, à un système où vous avez 208 cas différents. Je pense que la simplicité n'est pas là. On part d'un bon sentiment pour éviter ce que Bercy appelle des effets d'aubaine et on arrive à une usine à gaz.

Exclure les foyers les plus aisés de ce crédit d'impôt, cela part d'une bonne intention...

Cela dépend de quoi on parle. Soit c'est une aide sociale, et effectivement il faut qu'elle soit combinée avec le niveau de revenus, soit c'est une aide pour atteindre un objectif de rénovation des bâtiments, et là pour le coup, la maison, qu'elle appartienne à quelqu'un qui a des hauts revenus ou non, elle a la même consommation énergétique. De plus, les foyers aisés représentent aujourd'hui 50% des travaux de rénovation énergétique des bâtiments. On stigmatise ces foyers, en les écartant totalement de l'incitation. Mais je pense que ces foyers risquent d'être tentés par des travaux d'embellissement plutôt que par le fait de faire des travaux de rénovation énergétique.

Quel est donc l'objectif du gouvernement selon vous ?

Bercy est derrière tout cela. L'idée est de baisser le budget d'accompagnement de nos compatriotes sur les travaux de rénovation énergétique. Le gouvernement et la France ont fait part de leurs ambitions en matière de rénovation énergétique des bâtiments. Or, si vous ne mettez pas l'enveloppe d'accompagnement pour faire en sorte que ce marché décolle enfin, malheureusement vous aurez peut-être certes un transfert vers les plus modestes, mais vous aurez surtout un ralentissement des foyers qui représentent 50% de ces travaux-là. Je crains que cela soit un échec au final.

Dans le même temps, le gouvernement lance un plan pour en finir avec les escroqueries dans le secteur de la rénovation énergétique, avec notamment plus de contrôles pour les artisans. Est-ce que cela va dans le bon sens ?

Oui, cela va dans le bon sens. Mais il est fort de café de vouloir lier les arnaques, qui sont le fait d'escrocs, avec les artisans. Les artisans sont de vrais professionnels qui accompagnent techniquement et commercialement leurs clients. Les escrocs, ce sont des officines commerciales qui n'ont souvent aucun salarié pour faire les travaux. Donc, ne confondons pas les artisans avec les arnaques !

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