Bernard Arnault dément préparer son exil fiscal
Il a revanche confirmé les informations de "La Libre Belgique" qui a révélé qu'il avait demandé la nationalité belge.
ECONOMIE - Bernard Arnault, le patron de l'empire du luxe LVMH dément préparer son exil fiscal. Mais la première fortune de France et d'Europe et quatrième fortune mondiale, confirme bien samedi 8 septembre avoir "sollicité la double nationalité franco-belge" pour développer ses investissements dans le pays.
Dans un communiqué, le patron a réagi aux révélations du quotidien La Libre Belgique. Le journal avait affirmé que le milliardaire avait entamé des démarches pour obtenir la nationalité belge. Selon lui, le milliardaire de 63 ans, a déposé une demande à la commission des naturalisations de la Chambre des représentants, l'une des deux chambres du Parlement belge. Le président de la commission des naturalisations, Georges Dallemagne, interrogé par le quotidien, a expliqué que la demande avait été reçue la semaine dernière.
Fiscalité avantageuse en Belgique
"Le dossier sera traité comme tous les autres. Il y en a 47 000 sur notre table", a-t-il souligné. Il a expliqué que le code de la nationalité belge "prévoit qu'un candidat à la naturalisation doit avoir 18 ans accomplis, prouver trois ans de résidence en Belgique et, si ce n’est pas le cas, démontrer qu’il a des attaches véritables avec la Belgique".
La Libre Belgique rappelle que bien que résident à Paris, Arnault dispose aussi d’un domicile à Bruxelles. Le journal s'interroge sur de possibles raisons fiscales à sa démarche, au moment où le président français François Hollande a réaffirmé son intention de taxer à 75% les plus hauts revenus.
La fiscalité est plus avantageuse en Belgique qu'en France pour les grandes fortunes, notamment en raison d'une faible taxation du capital et de l'absence d'ISF. Mais c'est la résidence qui prime et non la nationalité. Des spécialistes interrogés par La Libre Belgique évoquaient la possibilité que le milliardaire souhaite devenir belge et se débarrasser de la nationalité française pour s'installer ensuite à Monaco, échappant ainsi aux accords entre Monaco et la France Ces derniers stipulent que les Français résidant dans la Principauté restent soumis aux impôts français.
Le résultat de décisions stupides
"Quand on prend des décisions stupides, on arrive à ces résultats effrayants", a réagi le candidat à la présidence de l'UMP François Fillon en marge de son déplacement au Campus régional des jeunes UMP au Touquet (Pas-de-Calais). "Le patron de l'une des plus belles entreprises au monde, qui symbolise le savoir-faire et la réussite français, connue dans le monde entier, pourrait être amené à changer de nationalité en raison de la politique fiscale qui est menée dans notre pays", a-t-il commenté.
Premier à réagir samedi, le PCF a dénoncé une "lâche trahison" du patron de LVMH et appelé à "mettre hors d'état de nuire les dirigeants irresponsables et cupides". La démarche de Bernard Arnautlt a également été qualifiée de "blague belge" par Philippe Poutou. Pour l'ancien candidat du NPA à la présidentielle, une seule solution, la confiscation : "Si Bernard Arnault prétend préserver ses profits en s'expatriant en Belgique, la sanction devrait être la confiscation de sa fortune, l'expropriation de ses sociétés. Qu'il parte s'il le veut mais l'argent doit rester !"
Une rencontre avec Jean-Marc Ayrault
Le patron de LVMH a été reçu mercredi par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mais les deux parties ont ensuite relativisé cette rencontre en la plaçant dans le cadre d'un dialogue régulier. "Bernard Arnault a abordé au cours de l'entretien les questions de fiscalité et a redit sa position sur la taxation à 75%, que l'on connaît. Il a aussi abordé la question de la compétitivité de l'économie française et, plus largement, la situation économique française et internationale", avait-on indiqué à Matignon au lendemain de la rencontre. LVMH avait fait valoir de son côté que Bernard Arnault avait "l'habitude de rencontrer des responsables politiques de premier plan".
Proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy et libéral revendiqué, Bernard Arnault possède une fortune estimée à 41 milliards de dollars (près de 32 milliards d'euros) par le magazine américain Forbes. Après la victoire de la gauche en 1981, il s'était exilé aux Etats-Unis pendant trois ans.
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