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"On peut tous faire de la permaindustrie et de la sobriété !": dans la Drôme, une entreprise fabrique des jeans à faible coût énergétique

Les universités d’été du mouvement Impact France s'ouvrent mardi 30 août, avec un mot d'ordre : sobriété. Parmi les entrepreneurs au rendez-vous, "1083", une marque de jeans entièrement fabriqués à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, et qui a pris le parti du circuit court et des économies d'énergie à tous les stades de la fabrication.

Article rédigé par Mathilde Imberty, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'entreprise a vendu 50 000 jeans sur l'année écoulée. (TON KOENE / MAXPPP)

"Sobriété" sera la maître mot de la rentrée économique : on le retrouvera autant dans le discours qu’Elisabeth Borne doit prononcer à l’université d’été du Medef lundi 29 août que le lendemain lors des universités d’été du mouvement Impact France qui regroupe des entrepreneurs soucieux de leur impact social et écologique. Parmi eux, "1083", une marque de jeans entièrement made in France, basée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, et qui a placé la sobriété au cœur de sa logique.

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Déjà, en entrant dans l'usine, la climatisation est à usage limité, ainsi que le chauffage. Mais les efforts de 1083 vont bien au-delà de la sobriété énergétique, comme l'explique Thomas Huriez, fondateur de la marque : "La sobriété pour nous, c'est acheter local, acheter français."

Et en effet, quand on jette un oeil à l'atelier, "la table de matelassage a été faite en France, c'est un vieux matériel qu'on a complètement rénové". Juste derrière, des étagères fabriquées, elles aussi, en France, et sans plastique, avec des plateaux en métal, pour faciliter leur recyclage. Les tables sont également fabriquées à cinq kilomètres de l'entreprise, chez un ferronnier. Idem pour les plateaux, confectionnés par un menuisier, "à cinq kilomètres, de l'autre côté de chez nous".

Les nouvelles technologies au secours des anciennes machines pour économiser l'électricité

Les économies font également dans l'atelier de couture, où l'on mêle nouvelle technologie et anciennes machines. Ces dernières ont "un moteur qui tourne en continu", commente Thomas Huriez. "Nos machines neuves ont un moteur qui ne tourne que quand on appuie sur la pédale. Cette technologie de moteur pas à pas, on l'a mise sur nos machines d'occasion pour réduire la consommation de nos machines." Étape suivante : le délavage des jeans. Cette fois, c'est l'eau qui est économisée, grâce à un système de "rayon laser qui vient gommer l'ensemble du joint" pour simuler l'usure du jean.

"Cette machine, comme toutes nos activités ici, est alimentée par des énergies renouvelables, parce qu'on a choisi un fournisseur d'électricité renouvelable. Cela coûte un peu plus cher, mais c'est une démarche de cohérence."

Thomas Huriez

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Hormis le coton bio qui vient de Tanzanie, la fabrication a été relocalisée. Cette volonté de proximité se retrouve même dans l'intitulé de la marque. "1083, c'est la distance qui sépare les deux villes les plus éloignées de l'Hexagone et donc notre démarche est de fabriquer des jeans et des baskets à moins de 1 083 kilomètres de chez vous, où que vous habitiez en France", raconte le fondateur.

Douze millions d'euros de chiffre d'affaires

Cette année, l'entreprise a vendu 50 000 pièces, soit une goutte d'eau dans le marché du jean. Mais, avec 12 millions d'euros de chiffre d'affaires et 250 emplois créés, l'entreprise est passée, s'amuse Thomas Huriez, "du statut de Bisounours",  à celui "de bon gestionnaire". Pour ce dernier, faire des économies pour l'environnement est accessible à tous : "On peut tous faire de la permaindustrie, de la sobriété. C'est une opportunité historique de converger vers des solutions et d'avancer de manière organisée mais pas précipitée."

Malgré tout, 1083 n'a pas été entièrement épargnée par la hausse du coût de l'énergie, notamment dans l'usine de tissage des Vosges. Les jeans sont désormais vendus environ 130 euros, soit dix euros de plus qu'avant l'épidémie de Covid.

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