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Pénurie de semi-conducteurs : pas de retour à la normale avant "plusieurs trimestres, voire plus d'un an", prévoit l’Observatoire Cetelem

La pénurie de semi-conducteurs devrait avoir des effets sur les secteurs les plus dépendants encore plusieurs mois prévient Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem. Le secteur automobile est l'un des plus touchés.

Article rédigé par franceinfo
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La chaîne de montage Peugeot Stellantis de Mulhouse, le 11 juin 2021. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Flavien Neuvy, économiste, directeur de l’Observatoire Cetelem, a expliqué ce jeudi sur franceinfo que la pénurie mondiale de semi-conducteurs aura comme conséquence concrète "des délais de livraison qui se rallongent" en cas d'achat d'une voiture neuve. La pandémie de Covid-19 a fait exploser la demande de ces composants utilisés notamment dans l'industrie automobile. "Il faudra certainement attendre plusieurs trimestres, voire plus d'un an, pour avoir un retour à la normale progressif", a-t-il estimé.


franceinfo : Quelles sont les conséquences de cette pénurie pour le consommateur ?

Flavien Neuvy : Pour le client, la conséquence concrète et principale de cette pénurie de composants, ce sont des délais de livraison qui se rallongent. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand vous êtes dans une concession et que vous voulez acheter une voiture neuve, dans l'immense majorité des cas, on va vous annoncer plusieurs mois de délai. Et c'est vrai qu'avec cette pénurie qui pour l'instant n'arrive pas à être résolue, ce sont plutôt des délais qui s'allongent. Il y a beaucoup de sites de production qui sont perturbés, avec des jours de chômage partiel, des usines qui s'arrêtent complètement ou partiellement. Donc oui, c'est toute la chaîne logistique et toute la chaîne de production qui est très, très perturbée.

Il va falloir vivre avec cette pénurie encore longtemps ?

Je ne suis pas un expert des semi-conducteurs et des composants électroniques, mais ce qui est sûr, c'est que fabriquer des sites de production cela ne se fait pas en un claquement de doigts. Il faudra certainement attendre plusieurs trimestres, voire plus d'un an, pour avoir un retour à la normale progressif. C'est vrai qu'il y a une demande qui est très forte. Il n'y a pas que l'industrie automobile qui consomme des composants électroniques, mais c'est beaucoup de secteurs qui, au même moment, ont des demandes très importantes après le confinement, après la crise sanitaire avec la reprise économique et une demande qui reste assez soutenue. Et au final, il n'y a pas assez de production. C'est vraiment la loi de l'offre et de la demande. Aujourd'hui, il y a un embouteillage en termes de demande et la production ne peut pas suivre.

N'est-ce pas l'occasion de remettre en cause les modes de production et le flux tendu permanent ?

C'est une vraie question. Dans l'industrie automobile, depuis toujours, les constructeurs veulent absolument éviter d'avoir des stocks parce que cela coûte extrêmement cher. Que ce soit des stocks de voitures ou des stocks de pièces utilisées pour fabriquer les voitures. C'est un flux tendu, permanen,t pour des raisons de coûts. Quand il y a un grain de sable qui vient se glisser dans les chaînes logistiques, c'est l'ensemble de la production qui est mise à l'arrêt ou qui est, en tout cas, en difficulté. Au moment du tsunami au Japon, beaucoup d'usines avaient été affectées, cela avait impacté la production automobile sur l'ensemble de la planète.

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