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Vidéo "On a eu le sentiment de ne pas être pris au sérieux" : des inspecteurs de l'environnement indignés par l'accueil qu'ils ont reçu chez Lactalis

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Envoyé spécial. "Ce n'est pas des inspecteurs de l'environnement qui allaient leur mettre des bâtons dans les roues", racontent les enquêteurs
Envoyé spécial. "Ce n'est pas des inspecteurs de l'environnement qui allaient leur mettre des bâtons dans les roues", racontent les enquêteurs Envoyé spécial. "Ce n'est pas des inspecteurs de l'environnement qui allaient leur mettre des bâtons dans les roues", racontent les enquêteurs
Article rédigé par France 2
France Télévisions

En 2017, des inspecteurs de l'Office français de la biodiversité ont été chargés d'enquêter sur les pratiques de Lactalis. Le géant laitier était accusé de rejeter ses eaux usées directement dans la rivière Isère. Mais les agents de l'OFB ont eu l'impression que "ce n'étaient pas des inspecteurs de l'environnement qui allaient leur mettre des bâtons dans les roues…" Extrait d'une enquête de Disclose diffusée dans "Envoyé spécial" le 22 octobre 2020.

Lactalis utilise des millions de litres d'eau pour fabriquer ses produits laitiers, mais aussi des tonnes de produits chimiques pour nettoyer ses cuves et tuyaux. Les eaux du process industriel sont ensuite rejetées dans les fleuves ou les rivières. Des rejets autorisés à condition que les eaux aient été traitées par une station d'épuration. 

A Saint-Just-de-Claix, l'Isère coule en contrebas de l'usine Etoile du Vercors, filiale de Lactalis. L'usine a refusé de se raccorder à la station d'épuration de la commune, comme le demandait le maire, préférant construire sa propre station. Malgré les mises en demeure de la préfecture, Lactalis a continué de déverser ses eaux usées dans l'Isère.

En 2017, des associations environnementales ont porté plainte contre la société Etoile du Vercors, et l'enquête a été confiée à l'OFB, l'Office français de la biodiversité, la police de l'environnement. 

Chaque jour, 600 kilos de rejets de produits hautement toxiques

Au fil de l'enquête, les policiers ont mesuré l'ampleur des rejets. "On découvre qu'il y a 28 produits chimiques qui sont rejetés", explique l'inspecteur Jean-Charles Saglier. "Et pas des produits anodins, insiste-t-il. C'est 600 kilos de produits journaliers rejetés, ce sont des détergents industriels divers et variés, donc des choses qui sont faites pour la désinfection. Donc ce sont des produits très hautement toxiques."

Exceptionnellement, ces enquêteurs ont accepté de raconter aux journalistes de Disclose ce qu'ils ont vécu. Ils sont encore indignés par l'accueil que leur a réservé la direction.

"Une certaine impunité à polluer en parfaite connaissance de cause"

Lors de leur deuxième visite, on les aurait fait "clairement attendre en salle d'attente, alors qu'on est dans le cadre d'un contrôle de police, témoigne l'inspecteur Sébastien Mollet. Ce qui nous donne le sentiment de ne pas être pris au sérieux, ou qu'il y a une certaine impunité de la part de l'entreprise à polluer en parfaite connaissance de cause. Ce n'était pas des inspecteurs de l'environnement qui allaient régler le problème, ou en tout cas leur mettre des bâtons dans les roues, quoi !"

En avril 2019, la filiale de Lactalis a été condamnée par le tribunal correctionnel de Grenoble à une amende de 100 000 euros, dont 50 000 avec sursis, pour "jet ou abandon de déchets dans les eaux superficielles ou souterraines" et à 5 000 euros d'amende pour "exploitation d'une installation classée sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l'environnement".

Extrait de "Lactalis au-dessus des lois ?", une enquête de Marianne Kerfriden, Inès Léraud, Geoffrey Livolsi, Mathias Destal, Sébastien Sega / Disclose à voir le 22 octobre dans "Envoyé Spécial".

Vous pouvez lire l'enquête en intégralité sur Disclose.

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