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Baisse des prix : Système U appelle les industriels à passer "de la bonne volonté dans les médias à la réalité dans les discussions"

Dominique Schelcher, président de Système U, appelle notamment à changer "le système de négociation français" dans la grande distribution et d'arrêter de négocier seulement "pendant trois mois".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Dominique Schelcher, président de Système U, était mardi 22 novembre l'invité du 8h30 franceinfo.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Système U appelle, lundi 5 juin sur franceinfo, les industriels à passer "de la bonne volonté dans les médias à la réalité dans les discussions" pour renégocier les prix alors que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire reçoit dans la journée à Bercy les représentants des groupes agroalimentaires. "Pour l'instant, il ne se passe pas grand-chose", regrette Dominique Schelcher, président de Système U, le quatrième distributeur de France.

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franceinfo : Observez-vous une légère accalmie dans vos rayons ?

Dominique Schelcher : Oui, je vous la confirme et c'est tout à fait conforme à ce que je disais depuis plusieurs mois, avec de l'inflation, notamment sur les grandes marques, entre mars et juin, maintenant, elle se ralentit, mais incontestablement, elle reste à un niveau quand même élevé puisqu’on est aux alentours de 15% sur un an.

Est-ce qu'il y a certains produits pour lesquels la baisse semble amorcée ?

Oui, il y a des signes intéressants sur des produits à base de blé, puisque le prix du blé baisse. Certains paquets de pâtes ont pu baisser, l'huile a pu baisser et on a un certain nombre de produits frais également qui ont connus leur pic et qui commencent à reculer, par exemple le paquet de jambon. Mais ce qui est très intéressant à observer, c'est que la baisse est vraiment enclenchée du côté des marques distributeurs, c'est-à-dire nos produits, la marque U par exemple, et aussi les premiers prix, parce que c'est un sujet de négociation.

Est-ce que les négociations ont repris entre vous et les patrons de l'industrie agroalimentaire ?

Je regrette de vous dire que non. J'entends la bonne volonté des représentants des industriels dans les radios et sur les plateaux télé, mais je ne le constate pas dans les discussions. À date d'aujourd'hui, on a sur les 75 entreprises qui se sont engagées à rediscuter beaucoup de retours négatifs, donc pas de réouverture de négociations. J'ai une poignée seulement d'entreprises qui disent, "on va commencer à discuter" et j'en ai une majorité en fait, qui n'a même pas répondu à notre appel suite à l'appel des ministres. Pour l'instant, il ne se passe pas grand-chose.

Le gouvernement menace de rendre publics les noms des industriels qui refusent de reprendre les négociations, c'est le "name and shame". Est-ce que ça vous semble être une piste efficace ?

C'est peut-être une solution. On observe à l'heure actuelle, par exemple, une baisse déjà de tous ces produits en Espagne et en Allemagne. Pourquoi ? Parce que dans ces deux pays, on négocie en fait toute l'année entre industriels et commerçants. Ce n'est pas le cas en France. C'est ce qui bloque actuellement.

"Depuis plusieurs mois, je propose de changer le système de négociation français, d'arrêter de négocier pendant trois mois, du 1er décembre au 28 février avec des prix qui s'appliquent toute l'année. Ce système n'est plus valable et n'est plus opérationnel quand il y a des variations de cours comme il y en a actuellement."

Dominique Schelcher, président de Système U

à franceinfo

C'est ça la clé du sujet. C'est pour ça que les industriels se réfugient derrière cette loi et n'ont pas envie de renégocier.

Que vous disent ces industriels qui ne veulent pas retourner à la table des discussions ?

Ils nous disent que des coûts continuent à augmenter par ailleurs. On l'entend bien. Le sucre qui est présent dans de nombreux produits continue actuellement à augmenter, mais il y a plein d'autres matières qui baissent depuis maintenant plusieurs mois : le blé, mais aussi des emballages, des huiles. Il y a matière à discuter. Encore une fois, ça s'est fait dans d'autres pays où ça se voit déjà dans le panier des consommateurs. Et d'ailleurs, les consommateurs français qui ont entendus toutes ces choses dans les médias ne comprennent pas pourquoi ça ne bouge pas en France sur les grandes marques.

Faut-il taxer les marges des industries agroalimentaires ?

Il faut effectivement avancer. Bruno Lemaire est très, très déterminé parce qu'il a parfaitement conscience de la gravité de la situation du pouvoir d'achat pour un certain nombre de Français. Il y a des chiffres assez préoccupants qui circulent dans tous les derniers sondages. Il faut aider les Français, il faut les accompagner. Il faut passer à l'étape supérieure. Ils ont parlé d’un "name and shame" et ils ont évoqué une fiscalisation. En tout cas, ce qui est important, c'est que les industriels passent de la bonne volonté dans les médias à la réalité dans les discussions, ce qui n'est pas le cas.

Si ces discussions ne reprennent pas, les prix ne baisseront pas ?

Absolument. Il y a un mouvement enclenché sur la marque distributeur et les premiers prix parce que nous négocions ces produits toute l'année. Nous ne sommes pas dépendants de la loi. Par contre, pour les grandes marques, les marques souvent préférées des Français, tant que nous ne renégocions pas, ces prix ne pourront pas baisser. Plus vite nous commencerons la discussion, plus vite à la rentrée, j'espère encore pouvoir répercuter des prix à la baisse, mais il faut que les discussions s'ouvrent.

Imaginons que les discussions reprennent et qu'elles aboutissent. À quel terme cela pourrait avoir un effet sur les prix ?

Le grand rendez-vous maintenant du pouvoir d'achat, ce sera après les vacances, à la rentrée. C'est chaque année comme ça, mais je pense qu'il sera encore crucial cette année. Si on arrive encore à se mettre maintenant autour de la table, on peut arriver à montrer des signes de baisse à la rentrée. C'est notre objectif. En tout cas, la bonne volonté du Système U est vraiment là et on attend les industriels autour de la table.

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