Hausse des prix : "Le constat est préoccupant", s'inquiète le président du réseau des Banques alimentaires
Avec la hausse des prix, "nous craignons une augmentation du nombre de personnes à aider", a alerté mardi sur franceinfo, Claude Baland, président du réseau des Banques alimentaires.
"Le constat est préoccupant", a affirmé mardi 10 mai sur franceinfo Claude Baland, président du réseau des Banques alimentaires alors que la hausse des prix et l'inflation ont de "graves conséquences" sur leur organisation. Augmentation des bénéficiaires, pénurie de produits, dons en baisse, les Banques alimentaires sont inquiètes. Par ailleurs, la hausse du prix des carburants engendre une "baisse du nombre des bénévoles, qui diminue pour la première fois depuis dix ans", indique-t-il.
franceinfo : Quelles sont les conséquences pratiques de cette inflation ?
Claude Baland : La hausse des prix est impressionnante. Par exemple, le prix des steaks hachés a augmenté de 42%. Cette hausse importante a de graves conséquences. La première conséquence, c'est que nous craignons une augmentation du nombre de personnes à aider, nombre d'ailleurs qui augmente chaque année. Déjà en 2003, il avait augmenté de 6% et en 2021, il avait augmenté de 4%. On craint une hausse plus élevée puisque le coût de l'alimentation est une variable d'ajustement alors que les autres dépenses sont incompressibles. La deuxième conséquence, c'est la pénurie sur les produits de base, c'est-à-dire qu'il y a des produits qu'on ne peut plus du tout acheter. Par exemple évidemment l'huile, mais aussi les sardines. Les stocks d'huile dans les Banques alimentaires diminuent rapidement. La troisième conséquence, c'est le risque d'une baisse des dons de l'industrie agroalimentaire et des coopératives agricoles qui, évidemment, préféreront vendre face à cette situation, à cette tension sur les prix par rapport aux dons qu'elle nous faisaient. Les dons des industries agroalimentaires et des coopératives agricoles, c'est 35% de ce qu'on redistribue après. Et surtout, ils nous donnent des produits frais, ce qui nous permettait d'améliorer la qualité de l'alimentation distribuée.
Quelles autres conséquences pour vous ?
La hausse du coût du carburant et de l'électricité a également de graves conséquences sur nos moyens de fonctionnement. Par exemple, le budget carburant de la Banque alimentaire de Bordeaux a augmenté de 70% en une année. Et surtout, et on n'y pense pas forcément tout de suite, la hausse du coût des carburants explique la baisse du nombre des bénévoles, qui diminue pour la première fois depuis dix ans, alors que régulièrement le nombre de bénévoles augmentait. On a de la peine à trouver des bénévoles parce que maintenant ils nous disent en plus, ça va coûter cher de venir faire notre bénévolat. Le constat est préoccupant pour nous parce qu'à la fois on craint une hausse des bénéficiaires alors qu'on a une baisse de nos moyens de fonctionnement.
Vous appelez à la mobilisation ?
Nous avons donc à l'évidence besoin de bénéficier d'un surcroît de mobilisation de la part des pouvoirs publics, des collectivités locales, de nos mécènes, car il y a beaucoup d'industries agroalimentaires qui nous aident et des particuliers à la hauteur de nos besoins. Et on va être particulièrement mobilisés pour solliciter la générosité de nos concitoyens lors de la collecte nationale du dernier week-end de novembre.
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