: Vidéo Comment les enseignes de la grande distribution font payer les promotions par leurs fournisseurs
Entre la grande distribution et les fournisseurs, c'est le bras de fer permanent, et plus encore en période d'inflation. Dans "Complément d’enquête," un représentant d’une marque internationale de l’agroalimentaire dévoile les pratiques des chaînes d'hypermarchés pour accroître leurs bénéfices. Parmi elles, les promotions financées... par le fournisseur.
La grande distribution est-elle, comme elle le répète à longueur de campagnes de pub, la meilleure alliée du pouvoir d'achat des Français ? En cette rentrée marquée par l'inflation, "Complément d'enquête" révèle les dessous pas très reluisants de nos hypermarchés – en particulier les coulisses de leurs négociations avec les marques et les fabricants. Pour le magazine, un représentant d’une marque internationale de l’agroalimentaire (que nous appellerons Arthur) révèle comment les enseignes facturent à leurs fournisseurs chaque mètre carré de leurs magasins.
"Pour être présent sur les prospectus, on paye"
Cela commence dès l'entrée, avec les catalogues. "Ce qu'il faut savoir, explique Arthur, c'est que pour être présent sur les prospectus de la grande distribution, on paye." Distribués à des millions d'exemplaires, ces prospectus sont, pour une marque, la garantie de faire du volume. Les enseignes monnayent donc l'emplacement très cher. La société d'Arthur apparaît dans 500 prospectus chaque année, à raison de 200 000 euros la publication : soit un budget de 100 millions d'euros annuels, toutes enseignes confondues.
Mais les autres occasions de sortir le carnet de chèques ne manquent pas... Ainsi, les publicités radio diffusées en magasin. "Dans les négociations, parfois, ils exigent que vous en achetiez", affirme notre informateur. Son entreprise dépenserait de 5 à 10 millions d'euros par an en spots radio.
"Le fournisseur finance 100% des promotions"
Mais la facture la plus lourde pour les fournisseurs, ce sont les promotions en rayon. Qu'elles affichent -40% ou -70%, la plupart du temps, ce n'est pas l'hypermarché qui paye, affirme Arthur : "Les enseignes font des promotions tout au long de l'année. Elles exigent de leurs fournisseurs de leur proposer des promotions régulières sur leurs marques, et elles exigent que ce soit eux qui les financent, pouvant laisser croire au consommateur que ce sont elles qui les payent. Or, c'est bien le fournisseur qui finance 100% des promotions."
Ces pratiques ne sont pas illégales, et sont mentionnées dans les contrats commerciaux. C'est d'ailleurs de cette façon, en acceptant de financer les prochaines promotions de sa marque, qu'Arthur a pu obtenir une hausse de tarifs cette année.
Extrait de "Inflation : les coups bas des hypers", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 1er septembre 2022.
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