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Vidéo "Je ne prends qu'un repas par jour" : comment une épicerie solidaire aide des personnes en grande précarité à Poitiers

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La difficile précarité alimentaire
La difficile précarité alimentaire La difficile précarité alimentaire (FRANCEINFO)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Le documentaire "Le Début de la faim", diffusé mercredi sur France 2, se plonge dans le quotidien des clients et des bénévoles de l'épicerie de Cap Sud.

Chaque mardi, Sabrina, Laurent, Lucie et Malik se croisent dans un magasin d'alimentation pas comme les autres. Coordonnée par Chloé et animée par des bénévoles impliqués, cette épicerie, qui n'ouvre qu'une fois par semaine, est sociale et solidaire. Elle n'accepte que les clients pour qui manger est devenu un défi au quotidien. Dans ce lieu, la clientèle, fragilisée, se sent considérée et délestée quelques heures durant de la honte liée au manque d'argent et au besoin impérieux de nourriture.

Ici, les clients achètent les produits dont ils ont besoin bien moins cher que dans un magasin classique. Mais Chloé met un point d'honneur à trouver des produits de qualité pour remplir les rayons de son épicerie  – que 450 personnes fréquentent. La plupart des denrées proviennent de dons et des invendus des supermarchés, que le magasin partage avec d'autres associations. Elle récupère également de la nourriture de producteurs locaux.

"La majorité des clients qui viennent à l'épicerie ont un reste à vivre journalier de moins de 5 euros par jour, pour nourrir une famille dans un commerce classique."

Chloé, coordinatrice de l'épicerie Cap Sud

dans le documentaire "Le Début de la faim"

A la caisse, on rencontre une mère célibataire traversant une période de précarité aggravée par un trouble anxieux, un jeune couple en reconversion professionnelle avec enfants, ou encore un photographe qu'une dépression a éloigné du monde du travail. Le documentaire intitulé Le Début de la faim, réalisé par Ketty Rios Palma, diffusé sur France 2 mercredi 4 octobre, s'immerge dans le quotidien de cette épicerie et dans la vie de ces consommateurs vulnérables. 

Parmi eux, Laurent qui vit seul. Photographe de profession, il a sombré, il y a quelques années, dans une profonde dépression et s'est retrouvé en arrêt-maladie. "Il s'en est suivi deux ans de travail sur moi-même, confie-t-il à la caméra . A reprendre confiance, à recoller les morceaux et se dire 'Qu'est-ce que je peux faire ?'" Il décide finalement de se mettre à son propre compte mais son élan est stoppé par la pandémie de Covid-19, qui bouleverse le marché du mariage. Sa situation se dégrade alors rapidement et une assistante sociale lui explique qu'il peut bénéficier d'aides. 

16% des Français ne mangent pas à leur faim

Pour obtenir une aide alimentaire, les personnes se rendent généralement au CCAS ou CIAS (Centre communal ou intercommunal d’action sociale) de leur commune, qui les dirige vers une assistante sociale, laquelle leur fait alors une prescription. Elle peut être de trois mois, six mois ou un an, en fonction de l'évolution de la situation de l'allocataire, ainsi que de son reste à vivre journalier. Cette prescription leur permet d'avoir accès à une épicerie sociale et solidaire.

Mais, même avec cette aide et même s'ils travaillent ou touchent le RSA, certains des clients de l'épicerie ne mangent pas à leur faim. C'est le cas de Laurent, comme il le raconte dans le film.

"Généralement, je ne prends qu'un repas par jour."

Laurent, photographe

dans le documentaire "Le Début de la faim"

Et de préciser : "Le matin, je bois du café jusqu'à 14 heures. (...) Et si je n'ai pas du travail intensif, j'aurais tendance à manger vers 17-18 heures. (...) J'en suis à un repas par jour."

Selon une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) publiée en mai, 16% des Français déclaraient à la fin de l'année 2022 ne pas pouvoir manger à leur faim. En moins de six mois, la part de ceux qui se privent de nourriture a augmenté de 4 points. Une conséquence directe de la hausse des prix des produits alimentaires dans les rayons.

Cette précarité n'est pas seulement alimentaire. D'après une étude de l'lnsee publiée en juillet, 9 millions de Français étaient en situation de privation matérielle et sociale en 2022. Ils n'avaient pas assez d'argent pour couvrir les dépenses liées à la vie courante et avaient recours à une variété de dispositifs concernant l'aide alimentaire. Ainsi, 20% d'entre eux fréquentaient des épiceries solidaires.


Le documentaire Le Début de la faim, réalisé par Ketty Rios Palma, est diffusé mardi 4 octobre dans l'émission "Infrarouge", à 22h50, sur France 2 et sur france.tv. 

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