La CGT et la CFDT ne veulent pas s'afficher ensemble dans la rue
Il n'y aura pas de défilé unitaire du 1er-Mai avec la CGT, annonce Laurent Berger, sur RTL. Le secrétaire général de la CFDT déplore que son syndicat ait été "insulté, vilipendé", lors du congrès de la CGT à Toulouse.
Brouille entre les deux plus gros syndicats français. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a annoncé, mardi 26 mars, que son syndicat ne défilerait pas avec la CGT le 1er mai. "C'est une décision de notre bureau national de la semaine dernière, au moment où la CGT disait qu'il fallait faire un 1er-Mai commun", a-t-il déclaré sur RTL. Il a déploré que son syndicat ait été "insulté, vilipendé" lors du congrès de la CGT à Toulouse.
L'accord de sécurisation de l'emploi a lancé les hostilités
"Nous avons décidé que nous n'irions pas manifester avec la CGT parce que nous vivons une période de tensions", a ajouté le syndicaliste. Une référence aux virulentes critiques de la CGT sur l'accord de sécurisation de l'emploi que la CFDT et deux autres syndicats ont signé, en janvier, avec le patronat. "Nos militants ne veulent pas se faire insulter une semaine et aller manifester avec la CGT une autre semaine", a encore dit Laurent Berger. Depuis sa signature, le 11 janvier, ce texte pourrit les relations entre les deux syndicats. La CGT dénonce un "accord scélérat" et accuse la CFDT d'être à la solde du Medef, quand la CFDT dénonce le peu de culture de dialogue de son rival.
Cette défiance se traduit dans la rue. La CGT décide de se tourner vers FO – son traditionnel rival – pour critiquer le texte. Une grande journée de manifestations est organisée le 5 mars, contre un accord jugé "destructeur pour les droits des salariés". A cette occasion, un drapeau de la CFDT est brûlé par des militants CGT, dans le cortège de Lille (Nord). Une vidéo de la scène est diffusée sur YouTube, avant d'en être retirée. La Confédération publie alors un communiqué pour dénoncer "un fait grave et inacceptable" qui "constitue une attaque contre la liberté syndicale et la liberté d'opinion (...) indigne du mouvement syndical".
Quelques jours plus tôt, la CFDT avait publié un test de personnalité, rédigé sur un ton humoristique, repéré par Libération. Une majorité de triangles ou de carrés aux questions ? "Vous êtes victimes d’une vaste opération d’intox visant à faire croire qu’il suffit de s’opposer et de ne rien négocier pour faire progresser vos droit." Les autres syndicats apprécieront.
Le congrès de la CGT a tenté de ménager les apparences
En coulisses, l'ambiance est tout aussi délétère. Laurent Berger a bien reçu un courrier d'invitation pour assister au congrès de la CGT, à Toulouse (Haute-Garonne). Mais "un courrier type, alors que l’invitation est en principe personnelle, regrette-on au siège de la CFDT, selon Libération. D'ailleurs, il décline l'invitation. "Pour l’instant, [Thierry Lepaon] n’est pas vraiment fiable, il dit ce que son interlocuteur a envie d’entendre, quitte à se contredire", précise-t-on à la Confédération, toujours selon le quotidien.
Face à la fronde des délégués, le nouveau secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, lui, joue les pompiers de service. S'il concède "des mini fractures", il réfute pourtant tout "divorce" entre les deux syndicats, selon des propos rapportés par Les Echos. La CGT adopte finalement à 83,5%% une résolution qui entérine le concept de "syndicalisme rassemblé", qui prône le rassemblement des organisations syndicales. Le défilé du 1er-Mai ne rentre pas dans ce cadre.
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