La pauvreté gagne en intensité en France

Des chiffres en trompe-l'œil. Si la pauvreté a touché moins de Français en 2012, selon une enquête statistique publiée mardi 9 septembre par l'Insee, le niveau de vie médian a lui aussi baissé en 2012. Du coup, la pauvreté affecte certes moins de Français, mais elle a gagné en intensité en un an. Décryptage.

Moins de personnes vivent sous le seuil de pauvreté

En 2012, 8,5 millions de Français vivaient avec moins de 987 euros par mois, soit le seuil de pauvreté fixé, par convention, à 60% du revenu médian de la population (qui la partage en deux parties de mêmes effectifs). Ils étaient 8,7 millions en 2012. Le taux de pauvreté est donc en léger recul en 2012, à 13,9% de la population contre 14,3% l'année précédente.

Des chiffres apparament positifs puisqu'ils interviennent au terme de trois années de hausse : entre 2008 et 2011, près de 900 000 pesonnes sont passées sous le seuil de pauvreté, indiquait l'Insee en janvier. Une conséquence de la crise de 2008-2009, selon la Tribune.

Le niveau de vie des Français est en baisse

Problème : dans le même temps, le niveau de vie médian des Français a lui aussi reculé, de 1% en un an. En 2012, la moitié de la population vivait avec moins de 1 645 euros par mois. Et 50% de ceux vivant sous le seuil de pauvreté disposaient de moins de 784 euros par mois, soit le niveau le plus bas depuis 2006. Le constat de l'Insee, déjà annoncé en juillet dans son ouvrage Les revenus et le patrimoine des ménages, est sans appel : l'intensité de la pauvreté "augmente donc nettement".

"Le taux de pauvreté se réduit un peu mais ce n'est pas le signe d'une hausse du niveau de vie des moins favorisés", explique Jérôme Accardo, le responsable des ressources et conditions de vie des ménages à l'Insee. Les plus pauvres, affectés notamment par une forte hausse du chômage, ont donc eu "un niveau de vie particulièrement bas en 2012". 

Les familles monoparentales plus touchées

Les familles monoparentales ont été particulièrement affectées par la pauvreté : entre 2011 et 2012, la part de familles touchée est passée de 20,6% à  22,3%. Une évolution qui s'explique par la baisse de 5% de leur niveau d'activité moyen, selon les chiffres de l'Insee, qui souligne que "la pauvreté s'accroît fortement parmi les mères de familles monoparentales". Cette pauvreté touche, en outre, plus d'un tiers des chômeurs, près d'un étudiant sur cinq et environ 20% des moins de 18 ans, rapporte Libération.

Le niveau de vie médian des retraités a, en revanche, augmenté de 0,3% en euros constants en 2012, contre une baisse de 1,3% pour les actifs. Cette amélioration est due à la revalorisation des pensions, en 2012, et à la hausse de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), débutée en 2007.