Les prix du gaz naturel vont de nouveau augmenter au 1er juillet, entre 2% et 4,7%, après une première hausse en avril
Les tarifs vont retrouver leur plus haut niveau historique, alors que dans le même temps, les coupures de gaz pour impayés se multiplient en France.
Les tarifs vont progresser de 0,228 centime d'euro par kilowattheure (kWh), a indiqué jeudi la Commission de régulation de l'Energie (CRE), qui n'a pas fourni une hausse moyenne des prix.
L'autorité de régulation a donné son aval à une demande soumise par le groupe GDF Suez, anciennement Gaz de France.
La ministre de l'économie Christine Lagarde a demandé vendredi "une pause" dans les tarifs du gaz jusqu'au 1er janvier 2011, le temps qu'un audit détermine si la formule tarifaire appliquée par la commission de régulation (CRE) de l'énergie était "bonne". "Je souhaite que la CRE fasse un audit de cette formule parce que je suis assez surprise de la rapidité d'exécution; et j'aimerais bien qu'à la suite de cet audit, on détermine si la formule est bonne", a déclaré la ministre au micro de France Inter.
Côté ménages, au 1er juillet, si l'augmentation des tarifs se confirme, la hausse de la facture sera de 2 euros sur l'année pour les 1,4 million de foyers qui n'utilisent le gaz que pour faire la cuisine. Pour ceux qui s'en servent aussi pour leur eau chaude (1,2 million de clients), la facture augmentera de 8 euros par an. Les 6,3 millions de consommateurs qui utilisent le gaz à la fois pour la cuisine, l'eau chaude et le chauffage verront leur facture gonfler de 45 euros sur l'année.
Enfin, pour les industriels et les chaufferies de résidences collectives, la hausse des tarifs sera comprise entre 5,5% et 7,4%.
15% de hausse sur un an
Les prix du gaz avaient déjà augmenté de 9,7% le 1er avril, soit une hausse des factures annuelles allant de 12 à 85 euros pour les ménages, la première depuis août 2008 et la plus forte depuis novembre 2005. Les prix du gaz auront donc bondi de 15% environ depuis le début de l'année, sur fond de remontée des cours du pétrole et de baisse de l'euro.
La fixation des tarifs du gaz résulte d'une formule de calcul qui indexe les prix du gaz sur ceux du pétrole, dont les cours sont à la hausse depuis plusieurs mois.
Le gouvernement fixe une fois par an les "barèmes" déterminant le cadre général dans lequel évoluent les prix du gaz naturel. GDF-Suez est ensuite chargé de proposer des hausses ou des baisses de tarifs dans les limites de ce cadre. La CRE approuve ou refuse ensuite sa proposition par le biais d'un avis contraignant.
Une conjoncture déjà difficile pour les ménages
La flambée des prix intervient alors que le nombre de coupures de gaz naturel pour impayés a augmenté fortement ces dernières années. Le nombre de coupures est ainsi passé d'environ 6000 en 2008 à 60.000 pour les cinq premiers mois de 2010, selon le gestionnaire du réseau de distribution de gaz naturel GrDF.
L'Association Force Ouvrière des Consommateurs (AFOC) a réclamé jeudi "un moratoire sur les impayés de factures d'énergie", en imputant la multiplication des coupures à la privatisation de Gaz de France et à l'ouverture des marchés à la concurrence.
GDF Suez met pour sa part en avant un changement de système informatique qui avait entraîné une sous-estimation des coupures en 2008 pour éviter que les clients ne pâtissent d'éventuelles erreurs de facturations. "Maintenant, le système est rôdé et on est revenu à une gestion normale", affirme un porte-parole qui évoque "22.000 consommateurs coupés", soit "0,2% de nos clients".
"Les personnes en difficultés sociales ne sont jamais coupées", assure-t-il. En outre, "celles qui sont coupées le sont au bout de trois avertissements et sont rétablies dès que leur chèque de règlement arrive".
Le son de cloche est différent à la CGT, principal syndicat chez les agents de GDF Suez. "Les fournisseurs de gaz naturel (GDF Suez, EDF, Altergaz, Poweo, etc...) sont en train de faire du tri dans leurs fichiers: ils ne veulent plus que des bons clients", dénonce Laurent Langlard, de la fédération Mines-Energie. "Aujourd'hui, les fournisseurs lancent des avis d'impayés pour 100 euros, là où avant ils attendaient 300 euros", explique-t-il. "Les retards de règlements représentent un enjeu énorme pour le groupe en terme de trésorerie", souligne le syndicaliste.
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