"Charlie Hebdo" : le monde musulman proteste contre les caricatures de Mahomet
Au Niger, des rassemblements ont fait 4 morts et 45 blessés. Il y a également eu des manifestations en Algérie, au Mali, au Sénégal et au Pakistan.
Le mouvement de solidarité avec le mot d'ordre "Je suis Charlie" s'est mondialisé. Mais le mouvement de protestation contre la une du dernier numéro de Charlie Hebdo, qui représente le prophète Mahomet, s'est également internationalisé, vendredi 16 janvier. Avec parfois des débordements mortels. Francetv info résume les principales manifestations.
Au Niger : 4 morts et 45 blessés
Les rassemblements ont eu lieu à Zinder, la deuxième ville du pays. Parmi les quatre victimes figurent trois civils et un gendarme, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Massaoudou Hassoumi. Vingt-deux agents des forces de l'ordre ont été blessés, ainsi que 23 manifestants, a-t-il détaillé sur les ondes de la radio nationale.
Le Centre culturel franco-nigérien de Zinder a été incendié par des manifestants, a annoncé son directeur. Trois églises, une catholique et deux protestantes évangéliques, ont été saccagées, selon les autorités de Zinder.
En Algérie : un drapeau français brûlé
A Alger, la capitale, 2 000 à 3 000 manifestants se sont rassemblés. Détournant le slogan "Je suis Charlie" utilisé par les défenseurs de la liberté d'expression, certains scandaient : "Nous sommes tous des Mahomet" ou encore "Je suis Kouachi", du nom des frères Kouachi, les jihadistes ayant attaqué le journal satirique français.
Les rassemblements sont restés pacifiques mais certains manifestants ont mis le feu au drapeau français, comme l'a rapporté l'agence Reuters.
A French flag is set ablaze as protests against #CharlieHebdo cartoons spread to Algeria http://t.co/TfCv8Fe5Ez pic.twitter.com/wCkBZezxFP
— Reuters Pictures (@reuterspictures) January 16, 2015
Au Pakistan : au moins deux blessés
Après avoir condamné, la semaine passée, l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo, le Pakistan, pays qui compte la deuxième communauté musulmane la plus importante au monde, condamne la nouvelle couverture du journal satirique. Le Parlement a unanimement condamné la publication de "caricatures blasphématoires".
Des milliers de Pakistanais sont descendus, après la traditionnelle prière du vendredi, dans les rues de Karachi, plus grande ville du pays, la capitale Islamabad ou encore Lahore pour condamner le dessin de Mahomet en train de pleurer. Des heurts ont éclaté dans la capitale lors d'un rassemblement.
Au Mali : rassemblement pacifique
Après la grande prière de vendredi, plusieurs milliers de manifestants ont convergé, à Bamako, vers le boulevard de l'Indépendance, point névralgique des manifestations politiques dans le centre de la capitale. Ils ont répondu à l'appel de prédicateurs célèbres et du Haut conseil islamique du Mali, principale organisation islamique de ce pays à 90% musulman. Les meneurs ont parlé d'"affront à l'islam".
"Je ne suis pas Charlie", "Touche pas à mon prophète", "L'islam victime du terrorisme international", "Je suis musulman et j'aime mon prophète", "Le prophète n'est pas à caricaturer" étaient les slogans scandés dans la foule en français, en bambara et en arabe.
Au Sénégal : "Je suis Kouachi"
Au moins un millier de manifestants ont protesté à Dakar après la prière du vendredi. Un drapeau français a été brûlé devant l'ambassade de France, dans le centre de la capitale sénégalaise, par un groupe de manifestants qui ont scandé des slogans à la gloire du prophète Mahomet et contre Charlie Hebdo, selon des journalistes de l'AFP.
"Au diable Charlie", "Ne touche pas à mon prophète", "la liberté de blasphémer tue la liberté d'expression" ou encore "Je suis Kouachi", pouvait-on lire sur des banderoles et pancartes.
En Tunisie : protestation après un prêche de tolérance
A Tunis, la capitale, des fidèles ont quitté la mosquée El-Fath pour marquer leur désaccord avec un imam, ancien ministre des Affaires religieuses. "Nous sommes contre toute atteinte à notre prophète mais cela n'est pas une excuse pour tuer les gens", prêchait-il, à quoi ils ont rétorqué que les journalistes de Charlie Hebdo "méritaient d'être tués".
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