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Nicolas Sarkozy a-t-il raté l'occasion d'occuper le terrain après les attentats ?

Le président de l'UMP est l'invité du 20 heures de France 2 mercredi 21 janvier. L'occasion de revenir sur la façon dont il a réagi aux attentats commis en France du 7 au 9 janvier.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Nicolas Sarkozy au troisième rang de la "marche républicaine" du 11 janvier 2015, derrière François Hollande, Angela Merkel (au premier rang) et Manuel Valls (au second). (ERIC FEFERBERG / AFP)

"Son union nationale, à Hollande, ça commence à me courir !" Scansion hachée, syntaxe hardie et vocabulaire fleuri : le Nicolas Sarkozy scindant est de retour, si l'on en croit cette phrase attribuée à l'ancien président de la République par Le Canard enchaîné et rapportée par Le Lab.

Après les attentats, la partition n'était pas facile à jouer pour le président de l'UMP. Comme la plupart des responsables de partis, à l'exception de ceux du Front national, il a participé à la marche républicaine du 11 janvier lancée au lendemain des attentats. En tant qu'ancien président de la République, il a été reçu, avant cette marche, par son successeur François Hollande à l'Elysée. 

Sa participation ne l'a pas vraiment servi. Depuis, l'exposition médiatique joue clairement davantage en faveur de son rival, le président de la République, qui a enregistré un bond spectaculaire de 21 points dans les sondages. Nicolas Sarkozy a-t-il fait des erreurs ? A-t-il mal occupé le terrain politique ? 

Non, il était obligé de jouer le jeu de l'unité nationale

"Avec les attentats, souligne le directeur du département Opinions et stratégies de l'Ifop, Jérôme Fourquet, joint par francetv info, "les caméras étaient braquées sur l'exécutif. Dans ce cadre, il est difficile pour l'opposition d'exister, de 'monter en contre'. Nicolas Sarkozy a intégré qu'il ne fallait pas rompre l'unité nationale trop rapidement. D'où son refus [dans le JDD] de la 'politicaille' et sa volonté affirmée de ne pas tirer la politique vers le bas."

Conséquence, poursuit-il, l'ancien chef de l'Etat "ne pouvait qu'attendre la fin de la séquence. Lors de la marche républicaine, il y avait une forme de responsabilité à se joindre à ce moment-là à l'unité nationale sans chercher les responsabilités de tel ou tel. Rompre l'unité nationale et apparaître politicien et partisan aurait été une faute absolue."

Yves-Marie Cann, directeur chargé de l'opinion à l'institut de sondage CSA, interrogé par francetv info, abonde en ce sens. "Je pense qu'il a plutôt bien géré la séquence. N'étant pas en responsabilité, il devait laisser l'exécutif être au front et gérer la parole publique." 

D'autant, ajoute-t-il, que "Nicolas Sarkozy doit tenir compte de ce qu'attendent les Français : un minimum de consensus. Ce n'est pas la bonne période pour les polémiques. Selon les enquêtes, les Français portent un jugement très positif sur la façon dont l'exécutif a réagi. Cela coupe l'herbe sous le pied à toute volonté de critique de l'exécutif aujourd'hui, y compris dans l'électorat de Nicolas Sarkozy." Selon une enquête CSA-BFMTV, François Hollande a été jugé à la hauteur des événements par 88% des Français

Oui, il a commis une petite erreur de com

Nicolas Sarkozy a-t-il fait des erreurs ? Lors de la marche républicaine du 11 janvier à Paris, des internautes se sont moqués de l'ex-chef de l'Etat jouant des coudes pour se glisser au premier rang, aux côtés du président de la République et de la cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement présents. Sur les réseaux sociaux, le Tumblr Je suis Nico s'est taillé un franc succès.

Mais il s'agit là d'un faux pas plutôt mineur. "C'est quelque chose qui n'est pas passé inaperçu d'une grande partie des Français, mais ce sont surtout les opposants à Nicolas Sarkozy qui ont fait circuler ces images", souligne Yves-Marie Cann. Jérôme Fourquet est du même avis : "Bien sûr, on va mettre l'accent sur ces images circulant sur le net, où Nicolas Sarkozy a joué des coudes. Pas sûr que cela marque les esprits à tout jamais."

Oui, ses propositions sont passées inaperçues

Dans son camp, d'ailleurs, pas de reproches. Du côté de son ex-concurrent pour la présidence de l'UMP Bruno Le Maire - présent en ce moment au forum économique de Davos, comme l'indiquent Les Echos -, on assure "ne pas voir quelle critique on peut adresser à Nicolas Sarkozy. Il est irréprochable."

Sondeurs et politiques s'accordent sur un point : si Nicolas Sarkozy doit avancer sur un plan, c'est celui des propositions. Douze ont été formulées et publiées sur le site de l'UMP, dont la création d'un "crime d"indignité nationale" qui prête à interrogation. Mais c'est avant tout la série de mesures annoncées par l'exécutif qui retient, en toute logique, l'attention des médias. Parmi celles-ci, la création de 2 680 emplois consacrés à la lutte contre le terrorisme, le déblocage de plus de 425 millions d’euros sur trois ans et la création d'un fichier spécial des personnes condamnées ou mises en cause dans des affaires de terrorisme.

La surenchère sécuritaire va être compliquée pour l'UMP, et Nicolas Sarkozy risque surtout, souligne BFMTV, de se voir ravalé au rang de "commentateur" des décisions prises.

Reste que là encore, la partition était difficile à jouer pour le chef de l'opposition. "Si Nicolas Sarkozy a fait part de ses propositions, il n'a pas été forcément entendu. Mais c'est classique : il a fait ce qu'il pouvait dans la limite que l'exercice permettait", note Jérôme Fourquet, de l'Ifop.

Députée UMP d'Eure-et-Loir, Laure de La Raudière juge que les propositions faites par l'UMP ont été dans l'ensemble "justes et bien pesées", et que Nicolas Sarkozy n'est pas tombé, contrairement au gouvernement, dans ce qu'elle appelle le "tout-filtrage sur internet". Un petit bémol quand même : "Il y a un point que j'aimerais qu'il développe : le travail d'éducation et d'instruction", sur lequel son parti, juge-t-elle, n'est pas assez "précis". Mais "cela montre qu'il y a encore du boulot, et heureusement".

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