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Vidéo "On ne peut pas faire de dessins pour six milliards de personnes" : des dessinateurs de presse défendent la liberté d'expression contre "la chape de plomb"

Publié
Article rédigé par Audrey Morellato
Radio France

Comment les dessinateurs de presse et les caricaturistes travaillent-ils dans cette période troublée ? L'assassinat de Samuel Paty a-t-il réveillé des craintes ?
Rencontre avec deux dessinateurs de presse qui ne comptent pas changer leur façon de travailler.

On parle beaucoup des représentations de Mahomet, qui ont cristallisé les tensions ces dernières années. Mais pour Camille Besse et Pascal Gros, dessinateurs de presse, le débat sur la liberté d'expression ne doit pas se résumer à cela : "Je n'ai aucun problème à dessiner le prohète Mahomet, explique Camille Besse, il faut juste que cela s'inscrive dans une actualité." Son collègue Pascal Gros souligne qu'il n'y a pas de systématisme : "On cherche des idées qui nous plaisent, qui nous font marrer, qui nous semblent pertinentes. On ne tombe pas tous les quatre matins sur une idée drôle et pertinente à propos de Mahomet."

Mais au-delà des caricatures du prophète, les sujets de l'extrémisme religieux, du terrorisme, de la radicalisation sont forcément de plus en plus abordés. Et leurs dessins circulent bien au-delà des magazines dans lesquels ils sont publiés. Pour Pascal Gros, dont un dessin de 2015 revient régulièrement sur les réseaux sociaux, "le blasphème est dans l'oeil de la personne qui regarde."

Expliquer, décrypter, dialoguer

Parce que les dessins sont disponibles partout, sans contexte et sans explication, Camille Besse considère qu'il est essentiel de les décrypter et d'en parler dans les écoles ou les prisons : "Je comprends tout à fait que des tonnes de gens ne comprennent pas ces dessins et aient l'impression qu'on les insulte. Mais ce n'est pas le cas. C'est peut-être mon devoir d'aller leur expliquer ce que je dis quand je me moque de la religion, d'un islamiste. Si nous n'allons pas le dire, qui ira le dire ?"

Les dessinateurs seront sans doute encore beaucoup sollicités dans les prochains mois pour expliquer leur travail et défendre la liberté d'expression.

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