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La liberté de la presse est "noyée" sous la désinformation, alerte Reporters sans frontières dans son classement annuel

Pour l'ONG, les nouveaux "moyens technologiques permettent de diffuser le faux, de le présenter pour le vrai, d'amplifier les rumeurs, la propagande", et leur "intensité est inédite".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Une caméra dans la cour de l'hôtel de Matignon, à Paris, le 3 avril 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Propagande politique, manipulations économiques, faux contenus générés par l'intelligence artificielle... La désinformation au sens large est une menace majeure pour la liberté de la presse dans le monde, s'alarme mercredi 3 mai Reporters sans frontières (RSF) dans son 21e classement annuel.

Sans changement, le pays le mieux noté est la Norvège et le dernier la Corée du Nord. La France est 24e et gagne deux places. Globalement, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10. Cette édition 2023 pointe en particulier les effets de la désinformation. Au classement, les baisses les plus importantes s'observent au Pérou (110e, -33 places), au Sénégal (104e, -31 places), en Haïti (99e, -29) ou en Tunisie (121e, -27). A l'inverse, le Brésil (92e) remonte de 18 places après le départ de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, battu par Lula aux élections fin octobre.

Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l'élaboration du classement "signalent une implication des acteurs politiques" dans des "campagnes de désinformation massive ou de propagande", selon RSF. C'est le cas de la Russie, de l'Inde, de la Chine ou du Mali. 

"Industrie du simulacre"

Plus largement, ce classement "met en lumière les effets fulgurants de l'industrie du simulacre dans l'écosystème numérique". "C'est l'industrie qui permet de produire la désinformation, de la distribuer ou de l'amplifier", explique à l'AFP Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG. C'est, selon lui, le cas des "dirigeants de plateformes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations". Sur France Inter, mercredi, il a mis en cause "le pouvoir du patron de Twitter, Elon Musk, qui peut décider de modifier son algorithme et d'amplifier la désinformation". "L'information fiable est noyée sous un déluge de désinformation", juge Christophe Deloire, selon qui "on perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l'artificiel, le vrai et le faux".

Mais ce qui l'inquiète tout particulièrement, c'est la capacité qu'ont certains Etats de "disposer de moyens technologiques pour exercer une propagande". "Que ce soit Moscou ou Pékin, les grandes dictatures ne se contentent pas de contrôler les esprits de leurs citoyens avec un bourrage de crâne", s'est-il désolé sur France Inter, alertant sur la volonté qu'ont la Russie et la Chine "d'exporter leur contenu de propagande et leur modèle de contrôle de l'information" au-delà de leurs frontières.

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