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"Détresse psychologique", "fierté", départs massifs... La rédaction d'i-Télé dans tous ses états après la fin de la grève

Les salariés de la chaine d'information en continu du groupe Canal+ ont voté la reprise du travail en assemblée générale, mercredi. Cette réunion a également été marquée par l'annonce de nombreux départs.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de la société des journalistes d'i-Télé devant le siège de Canal+ à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 25 octobre 2016. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"Nous sommes assommés, comme après une longue nuit blanche", décrit Jean-Jérôme Bertolus à franceinfo. Ce journaliste politique, figure historique d'i-Télé, a participé au dernier rassemblement des salariés grévistes devant les locaux de la chaîne, jeudi 17 novembre. Un protocole d'accord entre salariés et direction a ensuite été signé dans l'après-midi et entérine la reprise du travail après 31 jours d'une grève historique. Jean-Jérôme Bertolus a lui décidé de quitter la chaîne, comme une trentaine d'autres journalistes parmi les 120 que compte i-Télé.

"Cet accord, ce n'est pas une victoire, explique-t-il. Mais ce qu'il faut en retenir, c'est la densité du mouvement." Pendant le rassemblement, tous les journalistes se disent fiers de leur combat. Il "a été celui de notre indépendance éditoriale, de la défense de l’honnêteté et de la rigueur de notre travail", ont d'ailleurs écrit les salariés d'i-Télé dans un texte publié sur le site Les Jours, mercredi 16 novembre. Franceinfo revient sur l'état d'esprit de la rédaction après un mouvement social historique.

Une rédaction épuisée

"Ce qu'on a vécu, pendant ces trente et un jours, était très fort, on était tous très impliqués. C'était un combat entre un pot de fer et un pot de terre. On en sort à genoux", décrit Jean-Jérôme Bertolus à franceinfo. Usés, les grévistes n'ont pas obtenu satisfaction sur les principales revendications. Ainsi, Jean-Marc Morandini ne partira pas de la chaîne. Ils n'ont pas obtenu non plus gain de cause sur "la séparation des postes de directeur général et de directeur de la rédaction". 

Mais au terme de 31 jours de grève, les journalistes n'avaient plus l'énergie pour poursuivre le mouvement. "Il aurait fallu faire un mois de grève supplémentaire, explique l'un d'eux à LibérationMais nous ne sommes pas armés pour ça. On n’est pas 300, on n’a pas 50 syndiqués dans la boîte et beaucoup de leaders sont déjà partis…"

Certains évoquent le malaise ressenti par de nombreux journalistes. "A titre personnel, c'est compliqué. Quand je me retrouve hors de la rédaction, quand je suis seule, je n'ai jamais versé autant de larmes de toute ma vie. Oui, il y a une détresse psychologique. Elle est personnelle et chacun la vit à sa manière", confie une rédactrice à l'Express. "La situation psychosociale est alarmante. Les crises de larmes sont fréquentes", glisse un autre.

Un malaise aussi financier. "J'ai fait 15 jours de grève. Normalement, je suis à 1 600 euros nets par mois. Pour le mois de novembre, je pense que je vais recevoir 100 euros", décrit Brice Laemle, journaliste au service web.

Des journalistes fiers de leur combat

Malgré ceci, Brice Laemle, comme tous les journalistes présents au dernier rassemblement, est fier du combat mené par la rédaction. "Il s'agissait de garder notre dignité, professionnelle et humaine. On a tous marché dans le même sens." 

"Nous sortons de ce conflit éreintés et meurtris, mais la tête haute, avec au cœur le sentiment d’avoir tenté de défendre notre honneur, détaille ainsi la rédaction dans le texte commun publié par le site Les Jours. Nous sortons tous ensemble de cette grève plus que jamais attachés à cette chaîne. Ensemble, nous demeurerons vigilants."

De nombreux journalistes démissionnaires d'i-Télé ont annoncé leurs départs sur Twitter. Tous partagent la fierté d'avoir mené cette grève, à l'instar de Jean-Jérôme Bertolus.

Des départs "la mort dans l'âme"

"Aujourd’hui, rester ou partir est un choix difficile. Et pour beaucoup d'entre nous cela ne s'apparente pas à un choix", a écrit la rédaction dans son texte signifiant la fin de la grève.

Un tiers de la rédaction a donc annoncé son départ. "C'est une grosse saignée qui va vraiment dévitaliser la chaîne", décrit Jean-Jérôme Bertolus. Et c'est à chaque fois avec regrets, comme l'explique Olivier Le Foll, chef du service des sports de la chaîne.

"J'ai encore appris deux départs ce matin, ajoute Eléonore Payro, journaliste à i-Télé. Sans parler de tous ceux qui hésitent." Les journalistes présents devant les locaux de la chaîne, jeudi 17, sont inquiets. "Il y a de nombreuses procédures en cours, des gens qui négocient leur départ, ajoute un journaliste de la chaîne. Ca ne m'étonnerait pas qu'on en arrive à la moitié de la rédaction partie."

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