Réforme de l'audiovisuel public : à quoi ressemble le modèle britannique de la BBC, dont certains voudraient s'inspirer en France ?
Une "BBC à la française". Alors que le projet de réforme de l’audiovisuel public français doit être présenté à l’Assemblée nationale dans les prochains jours, la référence au groupe public de télévision et radio britannique revient régulièrement. Or, la BBC est une référence mondiale chahutée depuis des années.
Créée en 1922 d'abord comme société commerciale de radio-diffusion, la British Broadcasting Corporation est, depuis 1927, une société de droit public régie par une Charte royale. "La mission de la BBC est d'agir dans l'intérêt public, en servant toutes les audiences avec des productions et services impartiaux, de haute qualité et originaux, pour informer, éduquer et divertir", peut-on lire.
Cette institution qui regroupe aujourd'hui télévisions (huit nationales et sept régionales), radios (10 nationales, sept régionales et 39 locales) et médias en ligne au Royaume-Uni, ainsi qu'un important service international, BBC World Service, emploie environ 21 000 personnes, est financée à 65% par la redevance télé et dispose d'un budget global (incluant les revenus commerciaux) de 5,7 milliards de livres (2022/23, soit environ 6,6 milliards d'euros).
En dix ans, le budget de la BBC a baissé de 30% en raison des coupes budgétaires de la majorité conservatrice. Cette même majorité qui avait décidé de geler la redevance ces deux dernières années alors que l’inflation crevait les plafonds. Un cadeau pour les ménages, mais un nouvel effort pour l’audiovisuel public. Résultat, le groupe vient de supprimer 1800 postes et lance un plan d’économies de près de 600 millions d’euros par an. Des finances malmenées dans un paysage global qui tangue : comme tous les acteurs traditionnels du marché, la BBC fait face à la concurrence accrue des plateformes comme Netflix, Amazon, Youtube et autre.
La direction de la "Beeb", comme on l’appelle outre-Manche, a donc également décidé de redéployer plus de 230 millions d’euros pour investir plus massivement le numérique, et innover en la matière. Mais c'est aussi de l’argent en moins pour l’existant et par conséquent, une offre appauvrie : les programmes internationaux et locaux ont particulièrement souffert de ces orientations budgétaires. Des services entiers et des émissions spécifiques, plus de 1000 heures au total, ont été supprimés.
La BBC cherche des solutions de financement
Face à cette baisse des moyens, il y a donc nécessité de trouver des solutions de financement, ce que la BBC cherche actuellement. Le sujet principal est celui de la redevance. Gelée pendant deux ans, elle s’élève aujourd’hui à 198€/an et vient d’augmenter de 12€. Aujourd’hui, Tim Davie, le directeur général de la BBC, doit réfléchir à son évolution. D’ici quatre ans, ce système va changer et l’une des pistes de réflexion tient à une redevance qui s’adapterait aux revenus. En clair, les pauvres ne payent pas ou peu et les plus riches compensent. Dans le même temps, le patron du groupe précise qu’il ne pourra plus assumer le coût de BBC international, 350 millions d’euros par an.
Or, il s'agit d'un service qui rayonne dans tous les pays anglophones et qui fait beaucoup pour la renommée de la marque et du Royaume-Uni. Un soft power que le gouvernement doit prendre à sa charge, selon Tim Davie. L'institution dispose aussi d’une branche commerciale qui rapporte de l’argent, BBC studios, qui représente 280 millions d’euros rentrés dans les caisses l’année dernière.
Un montant que la direction souhaite doubler. Et pour cela, elle veut travailler avec de grands groupes internationaux comme Disney, avec lequel la BBC a déjà co-diffusé la dernière saison de la série britannique Doctor Who, lui donnant un retentissement mondial et donc plus de revenus.
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