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Soupçons d'ingérence à BFMTV : Rachid M'Barki et Marc-Olivier Fogiel auditionnés par une commission d'enquête de l'Assemblée nationale

Rachid M'Barki, licencié fin février" par la chaîne, est soupçonné d'avoir diffusé à l'antenne des informations, parfois orientées notamment sur le Qatar ou le Sahara occidental sans avoir obtenu la validation de sa hiérarchie.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le journaliste Rachid M'Barki au Maroc à Marrakech le 2 décembre 2016. (FADEL SENNA / AFP)

Rachid M'Barki, journaliste licencié par BFMTV fin février, et le directeur général de la chaîne Marc-Olivier Fogiel ont été auditionnés, sous serment, respectivement mercredi 21 et jeudi 22 mars par une commission d'enquête de l'Assemblée nationale "relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères – États, organisations, entreprises, groupes d’intérêts, personnes privées – visant à influencer ou corrompre des relais d’opinion, des dirigeants ou des partis politiques français."

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L'Assemblée nationale tente de faire la lumière sur les soupçons d'ingérences étrangères notamment dans les médias français visant BFMTV au travers d'un de ses journalistes, Rachid M'Barki, licencié depuis la révélation de cette affaire par la cellule investigation de Radio France.  Il est accusé d'avoir diffusé sur BFMTV des informations biaisées, orientées et non validées.

Rachid M'Barki clame son innocence, Marc-Olivier Fogiel accable son ex-collaborateur

Si Rachid M'Barki assure que toutes les accusations contre lui ne sont que pure calomnie, qu'il n'a jamais agi de la sorte, son ex-patron estime que BFMTV est la victime dans cette affaire. Victime d'un journaliste qui a, selon lui, sciemment contourné le processus de validation habituelle au sein de la rédaction. Et c'est pour cette raison et uniquement celle-là, qu'il a été écarté de l'antenne, pour faute grave donc, car il avait "gravement manqué au processus de validation" de l'information au sein de la chaîne. Une plainte contre X a d'ailleurs été déposée par la chaîne d'information continue pour corruption passive et abus de confiance. Rachid M'Barki travaillait à BFMTV depuis son lancement en 2005, il en était un visage phare puis, progressivement, il a été relégué à des postes moins exposés, jusqu'à finir au journal de la nuit (après notamment avoir annoncé l'arrestation de Mohammed Merah, démentie ensuite).

Des informations diffusées dans le journal nocturne 

Douze séquences, qui se sont étalées sur un an et demi, sont pointées du doigt. Des informations en bref, illustrées en image, sur des sujets réels. Il ne s'agissait pas de fake news, mais c'était soit incompréhensible, soit sans intérêt, parfois orienté, avec des références que personne ou presque ne pouvait comprendre. Bref, ça n'avait pas sa place sur BFMTV, selon Marc-Olivier Fogiel. Et à chaque fois, Rachid M'Barki a usé de stratagèmes pour se passer de la validation, pourtant obligatoire, de sa rédaction en chef, selon le directeur général de la chaîne. Marc-Olivier Fogiel raconte que le présentateur profitait que sa hiérarchie soit occupée à autre chose, qu'il arrivait à la dernière minute pour procéder à des changements, qu'il demandait à de jeunes journalistes pas toujours titulaires de rentrer des images provenant d'un lobbyiste. Il est accusé de ne pas avoir respecté le dispositif mis en place afin de faire passer des informations que lui seul jugeait intéressantes.

Rachid M'Barki a-t-il été rémunéré pour cela ? Le journaliste jure que non. Mais, sans remettre en cause cette affirmation, Marc-Olivier Fogiel apporte un élément qui laisse planer un doute. Après l'éviction du présentateur, l'homme qui lui a fourni les infos et les images, le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, a contacté d'autres journalistes de BFMTV, a raconté Marc-Olivier Fogiel devant les parlementaires pour leur soumettre des informations (qui n'ont pas retenu leur intérêt) et à l'un d'eux, il a proposé une rétribution s'il acceptait de les diffuser à l'antenne.

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