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Le conflit entre Canal+ et TF1 résumé en quatre actes

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Le groupe Canal+ a décidé d'arrêter de diffuser les chaînes gratuites du groupe TF1 lors du renouvellement du contrat de distribution entre les deux parties.  (ROMAIN DOUCELIN / HANS LUCAS / AFP)

Le groupe de Vincent Bolloré a coupé la diffusion des chaînes de TF1 sur son offre TNT Sat, provoquant la colère des abonnés et la réaction de la ministre de la Culture. 

Canal+ fait tomber un écran noir sur les chaînes de TF1. Le groupe de Vincent Bolloré a, le 2  septembre, décidé de couper la diffusion des chaînes de TF1 sur son offre TNT Sat, qui permet de recevoir les chaînes de la TNT dans les zones où la couverture hertzienne est mauvaise. Ce n'est pas la première fois que les deux géants de l'audiovisuel français s'écharpent sur le sujet de la distribution des chaînes gratuites du groupe TF1. En 2018, les discussions entre les deux groupes avaient déjà viré au conflit commercial et Canal+ avait décidé de couper la diffusion de TF1 pendant un certain temps à ses abonnés, provoquant un tollé chez les téléspectateurs. C'est justement cet accord qui a pris fin le 31 août et a lancé la saison 2 entre les deux chaînes. 

Franceinfo revient sur cette décision et les réactions en chaîne qu'elle a suscitées. 

Acte 1 : le groupe Canal+ annonce "renoncer" à la diffusion des chaînes du groupe TF1

Coup de tonnerre vendredi 2 septembre en début de matinée. Dans un communiqué, le groupe Canal + annonce "renoncer" à la diffusion des chaînes gratuites du groupe TF1, dans le cadre du renouvellement du contrat de distribution entre les deux parties. "Face à ces exigences infondées et déraisonnables pour des chaînes qui sont accessibles gratuitement pour tous et qui doivent le rester, le groupe Canal+, partenaire de longue date du Groupe TF1, est contraint de renoncer à diffuser ces chaînes en France métropolitaine", justifie Canal+.

Le groupe semble se placer dans l'optique d'un conflit long, puisqu'il assure pouvoir "proposer l'intégralité" de la Coupe du monde de foot (20 novembre-18 décembre) à ses abonnés, "fort de son partenariat avec beIN Sports" qui en détient les droits.

En pratique, seuls les foyers qui reçoivent la télévision uniquement via un abonnement par satellite du groupe Canal+ (et qui n'y ont donc pas accès via une box d'un autre opérateur ou via la TNT gratuite) seront totalement privés des chaînes de TF1. Selon les derniers chiffres de l'Arcom (ex-CSA), 7% des foyers français équipés d'un téléviseur reçoivent la télévision uniquement par satellite. Mais même s'ils peuvent regarder les chaînes de TF1 par un autre biais, cela obligera les abonnés de Canal+ à jongler pour cela avec plusieurs télécommandes.

Acte 2 : TF1 "déplore fortement" la décision prise par Canal+

Dans un communiqué, le groupe TF1 a immédiatement répliqué en rejetant la faute sur Canal+ qui n'a, selon lui,  "pas souhaité conclure un nouvel accord (...) malgré des semaines de discussions". 

"Nous déplorons très fortement cette situation, qui pénalise les consommateurs", assure-t-on à TF1, en faisant valoir que "des accords ont été trouvés ces dernières années avec tous les opérateurs". "Le groupe TF1 est distribué par l'ensemble des distributeurs Free, SFR, Bouygues Telecom, Orange, Molotov et Salto", souligne-t-il.

Une réaction qui est aussi à lire en miroir des audiences des chaînes du groupe Bouygues, déjà très touchées par la décision de Canal. Le "20 heures" de TF1 a ainsi rassemblé 4,27 millions de téléspectateurs, vendredi soir, soit une part de marché de 23% selon le site de Médiamétrie. Un score bien loin des audiences habituelles de TF1.

Acte 3 : les abonnés de Canal+ expriment leur colère, le président du directoire du groupe s'explique

Sur les réseaux sociaux, les abonnés de Canal+ ont été nombreux à faire part de leur mécontentement, menaçant de résilier leur abonnement. 

Dans Le JDD, samedi 3 septembre, le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, contre-attaque tout en tentant de rassurer les abonnés. "Le groupe TF1 nous demande une augmentation de 50% pour un accès aux mêmes contenus qu'aujourd'hui. Ce chiffre n'est pas fantaisiste, comme j'ai pu le lire. Il est exact à l'euro près", assure-t-il. "Nos abonnés ont l'impression d'être pris en otages. Nous les comprenons. Nous ne voulons pas les priver de la première chaîne de France et nous regrettons cette situation, poursuit Maxime Saada. Pourquoi un abonné Canal+ devrait-il payer les chaînes TF1 dont il disposerait gratuitement s'il n'était pas abonné à Canal+ ? C'est incompréhensible."

Acte 4 : la ministre de la Culture rappelle à l'ordre Canal+

Le même jour, Le Parisien dévoile une lettre écrite dès le 2 septembre par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, à Maxime Saada et dont franceinfo a pu prendre connaissance. Cette dernière exhorte le groupe à rétablir la diffusion des chaînes de TF1 sur son offre TNT Sat. "J'en appelle à votre sens des responsabilités et de l'intérêt général pour éviter de priver des centaines de milliers de foyers de la réception de l'intégralité des chaînes de la TNT", écrit la ministre. Celle-ci rappelle que "cette situation n'est pas conforme à l'intention du législateur qui était de garantir une couverture intégrale du territoire par la TNT en obligeant les chaînes de la TNT à mettre leur signal gratuitement à disposition d'un distributeur par satellite qui en fait la demande". Maxime Saada n'a, pour l'instant, pas réagi. 

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